Ciel, encore une dystopie Netflix, est-ce que je vais encore râler parce que c’était mauvais ? Vous découvrirez ça en fin de critique car j’ai un peu envie de vous mettre l’eau à la bouche. Un peu logique quand on parle d’une dystopie intitulée “The kitchen” même si ça n’a rien à voir avec la cuisine. Plus avec the “hell’s kitchen”, quartier New-Yorkais peu fréquentable et qui inspire pas mal Marvel puisqu’on peut y croiser Daredevil ou Jessica Jones. Ici, plus qu’un coupe-gorge, on va avoir une cité HLM qui résiste comme elle peut à l’effondrement.
Un gars qui essaie de fuir la misère
L’histoire. Izi habite un coin de The kitchen, un quartier londonien où les habitants squattent de vieux apparts HLM et refusent de partir. Une communauté à part entière qui vit au rythme de Radio Kitchen. Mais Izi rêve d’ailleurs, d’un bel appartement moderne dans une résidence. D’ailleurs, il apprend qu’il a été sélectionné pour habiter un appartement pour une personne mais il va falloir payer. Alors Izi travaille pour une entreprise de pompes funèbres qui transforme les morts en terreau pour plantes. Mais un jour, il découvre que la prochaine incinérée est une femme qu’il a bien connue par le passé. Et que celle-ci avait un fils, Benji, qui se retrouve livré à lui-même. Izi va prendre Benji sous son aile. Est-il son père biologique comme Benji le pressent ?
Un ado perdu dans les HLM
Le film part donc sur un narratif classique de dystopie lutte des classes. Izi veut tout faire pour se sortir de là, se sentant manifestement supérieur à ses voisins, Benji veut juste s’en sortir et trouve The kitchen assez incroyable. Le parcours de Benji dans le film nous permet de découvrir un peu cet univers, en bon lapin blanc qu’il est. Il va frayer avec les “mauvais garçons” de The kitchen, éclater des drones, rencontrer une jolie fille, écouter Radio Kitchen, découvrir la solidarité entres les habitants. On va rapidement comprendre que le quartier du Kitchen est une vraie société dans la société, avec ses us, ses coutumes. Izi se détache beaucoup de ça, voulant se croire supérieur, et ne participe pas à la solidarité interne au quartier, jugeant même les petites frappes de type Robin des Bois qui volent des vivres pour les redistribuer.
Régulières émeutes policières
On a aussi droit à l’illustration de la force brute de la police qui va se lancer plusieurs fois à l’assaut de The kitchen, causant parfois même des morts. Le quartier doit être évacué car on veut y construire de belles résidences, comme celle dans laquelle Izi doit s’installer. Une mise en scène très littérale de la gentrification. Les scènes d’intervention policières sont assez intenses et bien menées, ce sont celles qui mettent le mieux en scène la relation entre les habitants, cet ensemble d’immeuble qui ressemble à une petite ville, un peu comme certains quartiers asiatiques. J’ai vaguement pensé à la citadelle de Kowloon en Chine, un ensemble urbain quasi autonome au coeur de Hong-Kong. D’ailleurs, en faisant des recherches pour retrouver le nom, j’ai aussi découvert l’immeuble Chongqing qui est pensé un peu sur ce modèle de super immeuble qui propose tout, une ville dans la ville.
Faire des morts de l’engrais
On va retrouver pas mal de choses intéressantes sur le papier dans The kitchen. Outre ce quartier squatté, cette solidarité des plus précaires avec ceux qui veulent tirer leur épingle du jeu, on a aussi la question de la mort. Izi travaille dans une entreprise de pompes funèbres qui propose d’incinérer les corps pour en faire du terreau pour des arbres. Sans doute dans l’optique de lutter contre le réchauffement climatique. Sauf que… Izi explique à Benji que les plantes sont jetées, qu’elles ne sont pas plantées comme promis par l’entreprise. Et c’est là que tout s’effondre. Parce que je ne comprends pas ce point-là. Je veux dire les jeunes pousses sont disponibles dans l’entreprise, on les voit plusieurs fois. Pourquoi les basarder ? Pourquoi ne pas les donner aux familles pour qu’ils en fassent ce qu’ils veulent.
Plein d’idées mais aucun développement
Parce que The kitchen n’est pas un film mais une note d’intention. Ce que je reproche assez régulièrement aux dystopies récentes, notamment à celles de Netflix mais pas que. On va lister quelques idées et on va les jeter là, un peu par hasard, sans trop creuser. Sur le papier, cette résistance à la gentrification, les violences policières, les robins des bois du quartier, ça sonne bien. Cette histoire de pompes funèbres qui utilisent les morts comme terreau aussi. Mais rien n’est mené au bout. Le film est une succession de scènes qui montrent mais sans réfléchir à son propos. Comme la scène du bar-discothèque qui ne sert à rien.
Un protagoniste désagréable
C’est compliqué d’écrire une dystopie, je ne dis pas. Mais ces derniers temps, je trouve qu’on nous propose des personnages sans relief avec qui il est difficile de créer de l’empathie. Izi est hyper désagréable. Il est froid et quasi mutique, on a du mal à comprendre sa relation avec Benji, son mépris pour les autres. Je n’ai pas de mal à comprendre sa volonté à trouver une vie meilleure et son cynisme mais pour le reste… Je ne comprends pas ses décisions… et ça ne m’intéresse pas beaucoup. Parce qu’au bout de quasi 2h de film, je ne suis pas certaine d’avoir compris ce qu’on a voulu me raconter.
J’aurais aimé en savoir plus sur ce quartier
Bref, un film qui était très prometteur sur le papier, avec une dimension lutte des classes qui me séduisait. Sans parler de la question des origines ethniques des personnages qui en rajoutait une couche. Evidemment, il y a toute une dimension sur la famille, les liens père-fils… J’en ai pas parlé car c’est très superficiel. Il me reste une sensation de film bâclé, peut-être parce qu’il voulait trop en raconter sur une courte durée. Et surtout, je n’ai pas tant vu le fameux Kitchen et sa vie au quotidien alors que ça m’intéressait. Bien plus que le miroir qui donne les infos et la météo, par exemple.