L’Odyssée du temps, la dystopie mille-feuilles

Dans l’Odyssée du temps de S. Baxter et A.C. Clarke, une civilisation extraterrestre veut détruire l’humanité. Mais pourquoi ?

Quand je me cale devant mon clavier pour écrire des articles pour ce blog, j’ai tendance à me focaliser sur les dernières oeuvres que j’ai lues. Vues ou entendues. Et de temps en temps, en réfléchissant à ce que je vais dire d’une oeuvre, je vois des ressemblances avec une autre… Et je réalise que je n’ai rien écrit dessus. J’avais eu cette révélation sur Dune en allant voir le deuxième opus. Aujourd’hui, c’est en terminant la lecture de la saga BD Renaissance dont je vous parlerai prochainement que j’ai réalisé que je ne vous avais jamais parlé de l’Odyssée du temps d’Arthur C. Clarke et Stephen Baxter. Alors qu’il y a la dimension : l’humanité mérite de disparaître et j’aime toujours bien ce questionnement. 

l'Odyssée du temps

L’histoire. En 2037, un hélicoptère de l’ONU s’écrase au Pakistan. Ses trois occupants, Casey, Bisesa et Abdilkadir survivent mais sont capturés… Par des soldats de l’empire britanniques de la fin du XIXe siècle. Nos rescapés vont faire des rencontres surprenantes dont le jeune Rudyard Kipling. Ils vont comprendre qu’il y a eu une sorte de contraction du temps qui va amener des Humains de différentes époques à cohabiter au même endroit. Une sorte de mille-feuilles temporel. Notamment Genghis Khan et Alexandre le Grand. Deux des plus grands conquérants de l’Histoire sur une même zone, qu’est-ce qu’il pourrait mal se passer ?

Genghis Khan vs Alexandre le grand

Je vous pose cette toile de fond mais ce n’est pas ça qui m’intéresse pour cet article. L’Odyssée du temps se décline sur trois romans. Le premier, l’Oeil du temps, est celui que je viens de vous décrire avec l’introduction des “oeils”, des sphères flottantes immobiles et indestructibles qui flottent au-dessus de cette zone où différentes époques cohabitent. Bisesa, dans ce premier roman, va rapidement capter que ces sphères sont certainement des outils de surveillance mais surtout… Que ses collègues et elle, ainsi que des spationautes russes qui redescendent sur Terre, sont les derniers échantillons de l’Humanité. Et qu’il est donc probable que l’Humanité disparaisse peu de temps après 2037.

la fin de l'humanité

Les tomes 2 et 3 constituent donc le récit de cette potentielle fin du monde. Et je les trouve infiniment plus intéressants dans l’absolu. Même si le premier tome a un côté “fantaisie d’auteurs qui colle plein de personnages historiques et d’époques différentes à Babylone” plutôt plaisant. Bisesa parvient à revenir à son époque et effectivement, l’Humanité est menacé par une gigantesque tempête solaire qui devrait tout détruire sur son passage. Plot twist : cette tempête solaire est provoquée par une entité extraterrestre hostile! Précisément celle qui a envoyé les “Oeils” qui surveillait Bisesa et les autres naufragés du temps dans le volume 1.

Une sphère flottante

Une entité extraterrestre qui menace l’Humanité, est-ce que ça ne rapellerait pas… Le problème à Trois Corps ? Si et pour le coup, les deux oeuvres, deux trilogies, ont beaucoup en commun. D’abord la volonté de résistance après un temps d’abattement. Dans l’Odyssée du Temps, le volume 2 démarre avec le retour de Bisesa dans son époque et direct, première tempête solaire qui crame une bonne partie des installations électroniques du monde. Bisesa parvient à faire entendre son témoignage et de là, l’Humanité va s’organiser. Elle fabrique un bouclier gigantesque pour limiter les effets de la prochaine tempête solaire, l’ultime. Un peu de hard science, beaucoup plus accessible que la version de Liu Cixin, de physique quantique, des IA envoyées dans l’espace pour faire perdurer l’essence de l’Humanité qui n’est pas sans rappeler le musée de l’Humanité sur Pluton dans Le Problème à trois corps. Car c’est l’enjeu de toutes les dystopies crépusculaires : comment faire survivre ce qu’est l’Humanité. Soit via ses individus soit via ses créations.

un bouclier pour protéger la Terre.

Dans le troisième tome, les extraterrestres repassent à l’attaque via une bombe qui enfermerait une partie du globe dans un mini-univers via un mini-big bang. Est-ce que ça vous rappelle l’attaque du système solaire qui passe l’univers en deux dimensions dans Le problème à trois corps ? Moi oui. Bref, cette saga explore deux axes : la menace extraterrestre via des technologies très avancées mais aussi l’avancée des technologies humaines avec, notamment, une des trois IA envoyées dans l’espace qui revient et semble faire preuve d’une intelligence particulièrement affûtée, exécutant différentes actions de son propre chef. A noter que cette IA s’appelle Athena. Comme la déesse de la guerre, oui. L’Odyssée du temps serait-elle une sorte de transposition de la Guerre de Troie intergalactique ? Je ne sais pas. Mais on parle d’Odyssée et il y a une victoire majeure grâce à la ruse alors…

Athena futuriste

Je vais passer sur de nombreuses péripéties et l’arrivée d’une autre civilisation extraterrestre pour me concentrer sur la motivation des Premiers-Nés. En très résumé : l’Humanité n’est pas respectueuse de sa propre planète et commence à vouloir s’étaler sur d’autres planètes, il faut l’en empêcher. En gros, les Premiers-Nés ne cherchent pas à récupérer la Terre pour eux, d’autant qu’ils menacent son intégrité, ou à éliminer une quelconque menace. Mais bien à punir une entité qui n’a pas su prendre soin de sa planète. A préserver un certain équilibre environnemtal. J’ai lu cette trilogie il y a des années donc je n’ai pas souvenir de toutes les subtilités, mais c’est l’idée principale. Une idée textuellement évoquée dans Terminator Zéro par exemple. 

independence day, arrivée du vaisseau à New York

La trilogie L’odyssée du temps finit sur une fin ouverte qui laisse présager un quatrième tome mais la disparition d’Arthur C. Clarke en 2008 semble avoir condamné la saga. Ca reste une œuvre agréable à lire, plus accessible et lumineuse que celle de Liu Cixin. Avec des personnages féminins un peu moins fétichisés aussi même si dans le volume 1, Zabel est assez gratinée niveau cliché de la femme vénéneuse. Sans doute une référence à Jezabel, la mauvaise femme de la Bible. Une trilogie que je trouve donc très intéressante et qui se lit bien. Si vous avez manqué cette saga d’un des maîtres de la science-fiction, l’auteur de 2001 : Odyssée de l’espace, foncez.

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