De quels ingrédients part-on pour écrire une dystopie ? Souvent, on prend un sujet qui nous inquiète. Un fait de société qui nous paraît être la cause prochaine d’un effondrement, d’un autoritarisme. Au tout début des années 2000, par exemple, on a eu droit à quelques histoires dystopiques à base de clones. Aujourd’hui, on tourne beaucoup autour du réchauffement climatique, la pollution… Et arrive depuis quelques années les intelligences artificielles, souvent représentées par des humanoïdes plus vrais que nature. Bien maintenant, vous prenez un peu tout ça, un conte nordique et ça nous donne Glace, notre dystopie du jour.
Tout plaquer pour retrouver un ami perdu
L’histoire. Dans un futur pas si lointain, Sanna est une ado à la vie misérable. Suite à l’arrivée d’un nuage qui a englouti sa ville, elle est condamnée à travailler à la mine. Epuisée et désespérée, elle décide de partir à l’aventure pour essayer de retrouver Kay, son meilleur ami du lycée. Ce dernier a été enlevé par les “Glacés”, un peuple dont on ne sait rien à part qu’ils ont une technologie bien avancée. Alors que la mort est quasi certaine, elle va faire différentes rencontres qui vont lui permettre d’approcher l’antre de la Reine de glace qui retient Kay.
Un monde post-apo classique
Partant donc d’un conte classique, Christine Féret-Fleury tisse donc un univers dystopique, une terre ravagée par un nuage de pollution dont on ne sait pas grand chose. Les souvenirs de Sanna nous permettent de comprendre la rupture entre la vie d’avant, une vie tout à fait normale, et cette vie de pure survie. Le roman débute sur la quasi mort de Sanna qui décide de cesser de lutter. On comprend qu’elle n’est rien pour personne. Et puisqu’elle n’a plus rien à perdre, autant tenter de retrouver la seule personne qui tenait un tant soit peu à elle avant l’arrivée du nuage.
Anticiper le cataclysme
Une fois la société d’antan puis la société actuelle établie, Sanna part donc. On va se retrouver dans la situation classique d’un personnage en errance dans un monde post-apo. A savoir que celui-ci va croiser différents types de communauté. Plus ou moins avancées technologiquement, plus ou moins adaptées à la situation. Comme le récit est inspiré d’un conte, on a droit, à la place de créatures fantasmagoriques, à des espèces de cités volantes qui pompent les ressources, les “cités méduses”. Car on reste dans une fable écologique et le monde semble désormais se diviser en deux entre ceux qui ont subi le cataclysme… Et ceux qui l’avaient anticipé.
Une Reine des neiges 2.0
Je vais désormais parler de la Reine des neiges de ce roman et un peu spoiler. Donc si vous avez envie de lire Glace de Christine Féret-Fleury, quittons-nous ici et rendez-vous dimanche prochain pour un nouvel article sur… Je n’ai pas encore décidé. Donc Sanna trouve de l’eau et remonte une rivière. Plus elle avance, plus la misère s’éloigne et elle se trouve même une compagne de voyage. Elles arrivent à la cité des Glacés. Et là, on tombe dans un étrange trip avec des hologrammes car en vérité, la Reine des neiges est une… IA autonome.
Une IA en recherce d’une Humanité épurée
Ca fait quelques temps que je vois de plus en plus de fictions autour du fait que l’Humanité ne mérite pas d’etre sauvée. Je l’ai vu encore récemment dans la série Terminator Zéro sur lequel je ferai un article bientôt. L’IA de service ici décide donc de créer une cité où les Humains vivent en symbiose avec elle. Mais attention, elle choisit la crème de la crème. Dont Kay, le fameux meilleur ami, qui, finalement, est un peu un connard. Durant une longue confrontation, elle fait comprendre à Sanna qu’elle ne l’aurait jamais choisie car elle est nulle et même pas très jolie. L’IA, ici, n’est pas tant représentée comme un danger technologique mais plus comme une impératrice autoritaire et somme toute cruelle. Le côté IA a son importance par rapport au fonctionnement de son Royaume mais le point d’attention de Christine Féret-Fleury me semble plus être l’autoritarisme que les méchantes IA qui font peur. La Reine a une mission : sauver le fleuron de l’Humanité pour permettre l’arrivée d’un Humain plus pur, issu des meilleurs gênes.
Une petite lecture sympa
Glace est un roman assez court qui se lit très vite. Trop, peut-être. Autant j’ai apprécié sa lecture, notamment le personnage de Sanna qui n’est pas une Elue ultra-badass qui sait tout faire, autant je suis un peu frustrée car beaucoup de choses ne sont qu’effleurées. On ne sait pas grand chose des cités Méduse, par exemple, les communautés que croisent Sanna sont superficiellement décrites. A plusieurs reprises, j’ai eu envie d’en savoir plus mais ce sera à mon imagination de faire le taf. Je n’ai rien contre le fait de ne pas tout expliquer aux lecteurices. Mais là, il manquait un peu d’ingrédients, tout de même. Mais Glace reste un petit roman agréable à lire, au style efficace. On accordera à l’autrice le droit d’avoir joué sur une coïncidence trop grosse à mon gout et on se laisse porter jusqu’au sommet de la montagne.