J’ai, quelque part, une liste de dystopies à traiter. Quand je dis “traiter”, ça veut dire, au choix : les découvrir ou faire une chronique sur elles car je les connais mais j’ai pas encore eu l’occasion d’écrire dessus. Sur cette liste figurait Ultimate game, film non vu mais que je connaissais grâce à Karim Debbache. Vous dire que j’étais assez peu enthousiaste à l’idée de voir ce film relève de l’euphémisme. Mais vu qu’il était disponible sur Netflix… Bref, j’ai regardé Ultimate Game et… pfff.
Des neurorobots et des univers online
L’histoire. Dans un futur proche, un entrepreneur de type Elon Musk crée une nouvelle technologie, les Nanex : une sorte de puce injectée dans le cerveau qui prolifère pour permettre à une tierce personne le contrôle des neurones de celui sous Nanex. Grâce à cette technologie, Castle, l’entrepreneur, a lancé deux univers online : Society, une sorte de Second Life trashouille, et Slayers. Cet univers est à la croisée du jeu vidéo et de la téléréalité puisque les participants sont des condamnés à mort qui auront le droit à la liberté s’ils survivent à trente parties. Et justement, quand le film commence, le condamné Kable en est à 27 victoires…
Tricherie et résistance
Mais les dés sont pipés. Castle envoie un candidat qui n’est contrôlé par aucun joueur et qui n’est donc pas victime de la seconde de latence qui existe entre l’action du joueur et la réalisation de celle-ci dans le jeu. Heureusement pour Kable, la résistance décide de s’en mêler. Et Kable, il compte bien retrouver sa liberté, récupérer sa femme et sa fille. Puis se venger de Castle, directement responsable de ses déboires.
Recette classique de dystopie
Plus qu’une dystopie, Ultimate Game ressemble plutôt à un film de vengeance. Même si la dite vengeance est concentrée sur la deuxième moitié voire le dernier tiers du film. Cependant, on retrouve ici pas mal d’ingrédients classiques de dystopies. Une figure autocratique, un système à combattre, un mouvement de résistance, un élu et même un système médiatique. Système médiatique censé être du coté de Castle au début du film mais qui va basculer en mode lanceur d’alerte.
Une critique classique d’une audience cruelle
Décortiquons la partie techno-ludique. Le film s’arrete assez peu sur la partie Nanex, on est à la limite du “ta gueule, c’est magique” mais pourquoi pas. Les explications sont balancées vite fait par Castle lors d’un passage télé, petite infographie sortant de nulle part à l’appui. Cette histoire de Nanex va entraîner deux choses. D’abord l’aspect divertissement féroce. Car Slayers et Society ont quelque chose de cruel. Slayers fait immédiatement penser à Running man puisqu’à la base, les participants ne sont pas censés survivre. En voyant un condamné tirer son épingle du jeu, les gens se prennent de passion pour lui, on voit des foules devant leur télé, des paris… Ce côté “jusqu’à la mort” renvoie aussi à Hunger Games, Battle Royale ou encore Acide Sulfurique qu’il faudra que je chronique un jour. Il y a une sorte de fascination du public pour la violence qui lui est jeté au visage, critique somme toute classique de la télé-réalité dans les dystopies.
Avatarisation, prostitution
Ensuite, nous avons Society qui inclut là un petit supplément lutte des classes. On découvre le fonctionnement de Society via Angie, épouse de Kable, actrice qui prête donc son corps à un joueur. Alors qu’elle va dans une institution lambda pour récupérer sa fille, placée en famille d’accueil, l’homme qui lui fait face nous permet de comprendre le mépris que la société a pour les avatars de Society. Vu que c’est plus ou moins de la prostitution hardcore, on le voit à travers les mésaventures d’Angie, pilotée par le joueur le plus dégueulasse de l’histoire de la crasse. Bref, Angie est pauvre et doit littéralement se prostituer pour essayer de récupérer sa fille. Cette soumission des pauvres aux plus riches est d’ailleurs souligné par Humanz Brother, le chef de la résistance. Avez-vous saisi le subtil clin d’oeil à 1984 dans ce pseudo ? Mmm ? C’est précisément la raison de la lutte : empêcher les plus pauvres de s’avatariser et perdre leur libre-arbitre.
Les avatars sont-ils encore humains ?
Car il y a ça, aussi, dans Ultimate Game : à quel moment est-on encore humain quand on perd la maîtrise de son corps ? Le combat final entre Castle et Kable tourne autour de ça. Castle a le contrôle de Kable et celui-ci est déchiré entre sa volonté propre, à savoir massacrer Castle, et la force que celui-ci exerce sur lui. Dans Society, on a droit à quelques scènes de mutilation, en plus de la soumission sexuelle, pour nous faire comprendre que les avatars ne sont plus considérés comme des Humains mais bien comme des jouets. Coté Slayers, Kable est piloté par Simon, un gosse de riche relativement insupportable qui se couvre de gloire grâce au pilotage de son condamné. Condamné qu’il ne considère pas réellement comme un Humain.
Un film incroyablement laid
Raconté comme ça, Ultimate Game semble une réussite, une réflexion profonde sur les dérives de la technologie et du divertissement. Une utilisation de plusieurs ingrédients type des dystopies. Mais en vrai, ce film est une purge. Déjà, j’ai rarement vu quelque chose d’aussi laid et vulgaire. Les réalisateurs Mark Neveldine et Brian Taylor ont très certainement voulu forcer sur le trash et puisque ça se passe dans un univers un peu virtuel, tout est permis. Je vais passer sur le fait que leur univers n’a aucune cohérence, on n’en est même plus là. Le film s’ouvre sur la reprise de Sweet Dreams de Marilyn Manson, la marque du “hé regarde, ça va être trash”. Pourquoi pas, chacun ses goûts. Sauf que là, ça confine au ridicule.
Des acteurs qui font trop ou pas assez
Déjà, il n’y a aucune direction d’acteur. Gerard Butler se réfugie dans l’action mais pour le reste, c’est service minimum. Face à lui, on retrouve Terry Crews dans le role de l’avant-dernier boss, le Sagat de l’histoire. J’adore Terry Crews rapport à Brooklyn 99 où c’est mon personnage préféré, je pense. Ou quand il joue de la flûte. Mais là, il en fait des caisses pour jouer le méchant en mode machoîre serrée, yeux fous et grimaces menaçantes. Mais le jeu de Crews est tout en subtilité si on le compare à Michael C. Hall qui n’en avait manifestement rien à foutre et est parti en roue libre. Michael C. Hall, je le connais pour son rôle de David dans Six Feet Under puis Dexter dans la série éponyme donc je sais qu’il peut très bien jouer. Mais là, il est parti dans une autre dimension. Sans doute parce que, comme tout le reste du film, son personnage est nul et qu’il préfère en rire.
De bonnes idées mais un résultat épouvantable
Bref, je ne conseille absolument pas ce film. Il est laid, vulgaire, stupide et assez méchant en plus. Cf le mec qui joue Angie dans Society. Si vous avez vu la chronique de Debbache, vous avez une idée du truc mais quand on voit le film, c’est pire. Et ça me navre car il y avait de bonnes idées, même si on flirte avec le plagiat de Running man, finalement. Et plus j’y pense, plus je me dis que quelqu’un doit réécrire ça pour en faire une dystopie un peu plus valable.
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