Oh my, je vais attirer les complotistes avec ce titre. J’ai longtemps hésité à parler de Dark City ici car je doutais. Est-ce que l’on peut considérer ce film comme une dystopie ? Voyons, un homme découvre un jour les rouages d’un système qui le maintient dans des rails artificiels et va tenter de renverser le dit système. Ah, oui, c’est une dystopie. Donc aujourd’hui, on va parler de Dark City, un film que j’avais beaucoup aimé dans mes jeunes années d’adulte.
Un amnésique dans une ville étrange
L’histoire. John se réveille dans une chambre d’hôtel, totalement amnésique. En essayant de comprendre qui il est, il découvre qu’il est suspecté d’être un tueur en série. Traînant la nuit pour essayer de comprendre ce qui a pu lui arriver et qui il est réellement, il découvre d’étranges créatures chauves qui semblent doter de pouvoirs. Ainsi, John découvre qu’à minuit, quand tout le monde dort, les hommes chauves remodèlent la ville et fournissent à chaque individu une nouvelle identité. Ainsi, Emma, la femme de John, ne se souvient absolument plus de lui.
Un personnage se réveille
Attention, je vais spoiler donc si vous n’avez pas vu Dark City et que vous avez envie de le faire, ce que je vous conseille, vous pouvez quitter l’article. Dark City fonctionne peu ou prou comme Matrix : un personnage découvre soudain que ce qu’il prenait pour sa réalité n’est qu’une construction d’une entité supérieure. Supérieure au sens plus puissante, pas au sens spirituel. Le film prend racine dans cette notion de réveil, un personnage “élu” qui ne peut plus jouer le jeu du système à partir du moment où il en découvre les rouages. Choqué par la manipulation dont ses concitoyens et lui sont victimes, il va se révolter contre les Hommes chauves.
Rencontrer celui qui sait
Evidemment, John ne peut être seul dans sa quête, un lapin blanc est toujours guidé par un mentor ou équivalent présent pour lui révéler l’essentiel ou, du moins, le mettre sur la bonne voie. Ici, le Dr Shreber qui collabore bon gré mal gré avec les Hommes chauves. Il va expliquer à John et à son acolyte, l’inspecteur chargé d’arrêter John mais qui le croit innocent, la vérité. A savoir que les Humains font l’objet d’expériences. Lors d’un rebondissement, le Dr Shreber injectera à John un antidote, lui permettant de sortir définitivement du cycle de reconditionnement. Ca ressemble à une pilule rouge, cette histoire…
Le paradis perdu
Outre ce système autoritaire où les citoyens sont littéralement lobotomisés, Dark City a aussi son jardin d’Eden, la ville de Shell Beach dont John est censé être originaire. Ce dernier dispose effectivement de souvenirs de cette ville mais quand il souhaite y retourner pour raviver sa mémoire, il réalise qu’il n’existe aucun moyen d’y accéder. Un paradis qui semble à portée mais qui n’existe pas.
Une ville nocturne et bizarre
Autre élément résolument dystopique : l’obscurité. Pas de ciel, pas de soleil. Pour le coup, ce n’est pas juste une ambiance, il y a une explication à ça. La nuit perpétuelle est d’ailleurs un élément que va noter John lors de son réveil, ça fait partie intégrante de la diégèse du film. Cette nuit sert effectivement l’esthétique du film, des décors très étranges, presque malaisants, qui a valu au film d’être régulièrement comparé à La cité des enfants perdus. A raison pour l’esthétique et on peut même tirer ça sur le côté éminences grises au look étrange et sur la dimension un peu onirique mais pour le reste…
Un Elu un peu accidentel
Autre point très “récit dytopique” : John est l’Elu. S’il sort du protocole endormissement – modification des souvenirs – réveil avec une nouvelle identité” un peu accidentellement, il se révèle finalement doué de pouvoirs psychiques. Il va obtenir encore plus de pouvoir durant le film, lui permettant à la fin de sauver ses congénères et même rapporter le soleil. Une fin empreinte de poésie, d’ailleurs. Si John est l’archétype du super-héros élu à la Néo ou même Triss, elle aussi douée de facultés particulières, et de la plupart des héros et héroïnes élu·es, il le demeure toujours un peu “par hasard”. Pas de notion de superpuissance. On pourra soupirer un peu que l’une de ses motivations principales soit l’amour mais bon, ça nous offre justement cette fin très poétique.
Un film à (re)découvrir
Dark City reste donc une madeleine pour moi. Un film qui m’a donné le goût des dystopies sombres et m’avait beaucoup touchée quand je l’avais vu. Surtout la fin que j’avais trouvé très poétique, donc. Un film qui avait bidé à sa sortie malgré ses qualités et pile dans les préoccupations de son temps. Car si j’ai souligné ses ressemblances avec Matrix, il est sorti un an avant donc il n’a pas pu servir d’inspiration. Mais à la fin des années 90, il semblait que la vie était trop absurde pour ne pas cacher une terrible vérité. Un trope qui me plaît toujours bien.