Mad Max, la mythique trilogie

Période de fête obligé, j’avais envie de vous partager une madeleine dystopique : la trilogie Mad Max. Des films témoins de leur temps

Ohohoh ! Pour nombre d’entre nous, on débute la séquence des vacances de Noël. Aka ces quelques jours où le temps est quand même super long entre deux repas trop riches. Une période idéale pour mater quelques films et cultiver la nostalgie. Et justement, à propos de nostalgie, je réalise que je n’ai jamais parlé ici de la trilogie Mad Max. Fury road et Furiosa, oui, mais pas Mad Max. Et comme la trilogie date? je ne suis pas sûre que les plus jeunes d’entre vous aient eu l’occasion de se pencher dessus. C’est parti.

Mad Max 2

L’histoire. Max Rockatansky est flic dans une brigade routière en Australie. Un travail compliqué puisqu’il semble que la route soit hantée par une bande de malfrats ultra-violents, les Nightriders. Si on ne sait pas grand chose de l’univers où se passe l’action, on comprend bien que l’autorité officielle n’est plus du tout respecté. es Nightriders font preuve d’une violence sans limite. Seul Max tentera de leur tenir tête grâce notamment à sa maîtrise des voitures. Mais il paiera son entêtement chèrement puisque les Nightriders brûleront son coéquipier et tueront sa femme et son fils. Après sa revanche, Max, désespéré, partira errer dans le désert. Où il vivra d’autres aventures.

Mel Gibson est Max Rockastanky

A la base, Mad Max sonne comme une histoire de méchants motards sans foi ni loi façon The warriors. Le premier Mad Max est présenté comme une dystopie mais elle apparaît plutôt entre les lignes. Alors que les dystopies racontent un système, le premier Mad Max raconte plutôt une absence de système. On comprend parfaitement que la police est dépassée par manque de moyens et d’implications politiques. L’ordre ne règne plus, l’Etat est certainement en train de s’effondrer. Tout à fait dans la veine de Robocop. La folie des hommes, que ce soit celle des Nightriders ou celle de Max dans le dernier acte, font désormais loi.

Les nightriders

Si le côté dystopique du premier film peut se discuter, à partir du deuxième, par contre, il n’y a plus de doute. Tout s’est effondré. Max sillonne le désert sans but, cherchant uniquement du carburant pour sa voiture et il trimballe un chien. On est dans la droite ligne du premier puisqu’il conduit la voiture qui lui a permis de triompher des Nightriders. Ce deuxième opus commence déjà à disséminer des ingrédients visuels futuristes. omme un autogire, piloté par un homme qui promet à Max de l’amener à une raffinerie. Les méchants aussi, toujours à moto, sont désormais grimés de façon une peu remarquable et portent des noms improbables. Ici, le gros méchant s’appelle Lord Humungus, par exemple. Bref, alors qu’il refuse de créer des liens avec qui que ce soit, Max va devoir s’impliquer dans la protection de la raffinerie, menacée par des pillards.

Lord Humungus et ses sbires

Dans le 3, c’est à peu près pareil. Sauf que désormais, l’effondrement est lié à une guerre nucléaire. Les tribus sont organisées en fonction de là où ils sont tombés plutôt qu’en fonction de ressources. Point intéressant : ce Mad Max 3, plutôt mal aimé des fans, est une version alternative du 2. George Miller décide de recaster deux acteurs du 2, à savoir le pilote de l’autogire et un petit garçon, pour leur donner un rôle quasi identique. auf qu’ils ne connaissent pas Max. Un parti pris assez déroutant, surtout si vous regardez ces deux films dans un temps court. Alors que les deux premier films restaient très pessimistes quant à leur conclusion, le troisième offre beaucoup plus d’espoir. Pas pour Max mais pour des enfants qu’il va croiser en chemin.

Les enfants dans Mad Max 3

Cette trilogie va permettre à George Miller de tester les différents thèmes que l’on retrouvera dans les nouveaux opus. Tout d’abord la violence comme loi. On va avoir deux types de violence. Celle des gangs de motard que l’on trouvera dans le premier, le deuxième opus et aujourd’hui dans Furiosa. Et une violence plus institutionnalisée dans les trois et Fury road via des communautés installées où des despotes, Immortan Jo et Aunty Entity, font régner la terreur pour asseoir leur pouvoir. Cependant, leurs citoyens l’acceptent, y trouvant leur compte.

Aunty Entity

Le troisième opus est particulièrement intéressant car il illustre parfaitement la violence institutionnalisée. A Bartertown, le royaume d’Aunty Entity, incarnée par l’impeccable Tina Turner, les conflits se règlent par des combats à mort sous un dôme. Le dôme du tonnerre ! Thunderdome, oui. J’adore ce nom, ça claque tellement. On retrouve l’idée des jeux du cirque puisque le combat à mort du dôme est suivi par une foule en délire qui réclame du sang. A la fin de l’affrontement, Max est le seul à faire preuve d’Humanité en refusant de tuer son adversaire. Ce qui lui vaudra l’exil… Ou comment se débarrasser d’un témoin gênant car Max sait les agissements d’Entity qui a manipulé pour maintenir son pouvoir.

Tina Turner dans Mad max

Autre sujet que l’on découvre dès le deuxième opus : la gestion des ressources dans un environnement post apocalyptique. Le pétrole dans le deuxième film, l’eau dans Fury road. Même s’il est également question d’une raffinerie dans ce film et Furiosa. Cette raffinerie, Gastown, c’est littéralement ce qu’aurait pu devenir la raffinerie peuplée de gentilles personnes dans le 2 si elles avaient conclu un accord avec Lord Humungus, sorte de proto Immortan Jo. Après tout, Mad max 3 et la saga Fury road étant des uchronies des film 1 et 2… La guerre pour les ressources précieuses dans un univers qui n’est régi que par la loi du plus fort est un sujet narratif très fort. Notamment dans Mad Max 2 où une communauté relativement pacifiste ne sait pas gérer la violence des pillards. Il faudra l’arrivée d’un homme violent et quasi déshumanisé, Max, pour relever la tête et commencer à résister. Cependant, la question reste sur la table. aut-il mieux coopérer avec des communautés violentes pour s’acheter une paix ou se battre quasi jusqu’à la mort pour ses ressources. Furiosa et Mad Max 2 proposent des réponses radicalement différentes.

Gastown

Autre thème qui va apparaître surtout à partir du 3 : les mythes et les croyances. Après avoir été banni de Bartetown, Max atterrit par hasard dans une communauté d’enfants, survivants d’un avion de ligne qui s’est crashé en plein désert. Selon leur légende, un homme viendra réparer l’avion pour les amener loin et ils se persuadent très rapidement qu’il s’agit de Max. Evidemment, la religion est fort présente dans Fury Road dans la communauté d’Immortan Jo. On retrouve aussi la thématique de la terre promise. Dans le 3 via les enfants qui espèrent l’atteindre avec leur avion. Avec le personnage de Furiosa qui a été arraché de cette terre promise enfant et qui cherche à tout prix à la retrouver une fois adulte. On peut rajouter à ça la promesse du Paradis de la religion du volant chez Immortan Jo.

La religion voituriere chez Immortan Jo

Dernier point qui hante les films Mad max : les enfants. A l’exception de Fury Road, chaque film propose à minima un personnage enfantin : le fils de Max, l’enfant sauvage, la communauté des enfants, Furiosa elle-même. Ces enfants sont une personnification de l’innocence, souvent perdue. Le fils de Max et Furiosa perdent leur innocence pour des guerres qui les dépassent. L’enfant sauvage est devenu violent également de par le monde qui l’entoure et se contente de répéter ce qu’il a vu. Face à toute cette humanité sacrifiée, la communauté des enfants du 3 crée une réelle dissonance, d’autant que leur innocence leur permet d’obtenir une happy end sans trop de frais. Ce qui vaut au 3 la colère de nombreux fans. Alors que si on prend l’oeuvre dans son ensemble, n’y voit-on pas l’incarnation de la maxime chrétienne “heureux les innocents, le monde du cieux est à eux” ? A peu près. D’ailleurs, dans Fury Road et Furiosa, c’est une enfant qui a perdu son innocence qui va tenter de guider son peuple vers la Terre promise.

Furiosa cueille une pêche

Il me semble également que le sable napparaît qu’à partir du troisième opus mais je n’ai pas revu les films depuis quelques temps donc je pose ça là. Mais il me semble que le 2 est beaucoup plus aride et rocailleux. Bref, Mad Max est à regarder dans son intégralité, y compris le 3, car je crois qu’ils en disent beaucoup sur l’époque où ils sont sortis. Le premier sort en 79, la même année que The Warriors, laissant deviner une société effrayée par la violence des gangs. Le 2 sort en 1981, soit deux ans après le second choc pétrolier, avec un personnage qui cherche du carburant. Et le 3, sorti en 85, nous raconte un monde post guerre nucléaire où la fin semble chuchoter que la civilisation et l’espoir peuvent renaître. Curieux que ce film sorte alors que la guerre froide touche à sa fin. Quant à Fury road et Furiosa, ne parle-t-on pas d’émancipation féminine (et féministe) face à des despotes égocentriques ? Après tout, dans la primo trilogie, les femmes sont plutôt rares et souvent victimes de la folie des hommes. Jusqu’à ce qu’elles prennent leur destin en main.

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