Snow Angels, la dystopie patins à glace

Parmi les dystopies, on trouve régulièrement ces survivants nomades, un adulte avec un ou plusieurs enfants. Comme dans Snow Angels.

Il y a un type de dystopie dont je parle régulièrement mais que je n’ai identifié comme genre à part que très récemment : le post-apo nomade avec un parent et son ou ses enfants. Souvent un père. On  pense de prime abord à La Route, évidemment. Anna avec le guide écrit par la mère. On peut penser à Bird box, aussi. The Walking dead avait quelques groupes de ce type aussi. L’idée principale est souvent la même : dans un monde hostile, le parent survivant doit protéger sa progéniture en lui enseignant quelques principes pour l’aider à survivre au cas où il mourrait avant l’enfant. Aujourd’hui, abordons donc Snow Angels, une BD de Jeff Lemire et Jock.

Snow Angels, BD de Jeff Lemire et Jock

Dans un futur lointain, Milliken et Mae sont deux petites filles qui vivent seules avec leur papa dans la tranchée. La tranchée est une sorte d’immense ravin dans un pays froid. Patins aux pieds, elles se promènent dans cet univers étriqué qu’il ne faut jamais quitter sous peine d’être tuées par un abominable homme des neiges. Comme c’est l’anniversaire de Milliken, le papa amène ses filles camper un peu plus loin. Mais horreur ! A leur retour, ils découvrent leur village décimé et le tueur, une sorte de soldat en armure du futur, rôde toujours. Il va falloir fuir.

Milliken, Mae et leur père

Snow Angels est intéressant par sa construction assez classique. D’abord la virée en famille qui nous permet de comprendre l’univers dans lequel on nous plonge. La BD commence directement par nous énoncer les trois lois auxquelles la petite famille se soumet : la tranchée pourvoit à tous les besoins. La tranchée n’a pas de fin. Et enfin il ne faut pas quitter la tranchée au risque de convoquer une entité maléfique. A noter également qu’il existe des entités divines appelées Engelées. Sur le bord de la trachée, nous voyons des engins abandonnés comme des tractopelles et Milliken reçoit pour son anniversaire une sorte de disque qui projette des étoiles. Disque qui a été trouvé sans que l’on connaisse son fonctionnement ou son utilité.

Snow Angels, patins à glace

Ce décor nous permet donc de comprendre qu’il y a dû y avoir un cataclysme et ça doit remonter puisqu’une société a eu le temps de se réorganiser et d’inventer ses propres mythes. Une fois le décor posé, on va apprendre que les trois règles ne sont pas vraies,  notamment celles de la tranchée sans fin puisque notre trio, dans sa fuite, va tomber sur un mur. Nous apprendrons alors que le papa était sorti de la trachée plus jeune et qu’il savait donc que les règles étaient fausses mais étaient établies pour la sécurité des tranchés. 

Massacre dans la tranchée

Les petites filles vont donc devoir survivre tout en remettant en cause tout ce qu’elles ont appris. D’autant qu’au fur et à mesure de leur progression, elles vont rencontrer une autre peuplade, des squelettes géants qu’elles vont considérer être des engelés et même… un mecha. Un robot géant qui va leur permettre de se battre contre le soldat du futur qui semble toujours décidé à les tuer. 

Le snow man veut tuer Milliken

Ce genre de récit survivaliste avec de jeunes enfants, parfois livrés à eux-mêmes, sont la parfaite métaphore du passage de l’enfance à l’âge adulte. Enfant, on vit dans le merveilleux avec tout un tas de créatures fantastiques qui nous apportent des cadeaux. Le Père Noël, la petite souris, les cloches ou le lapin de Pâques… Mais aussi des créatures punitives comme le Père Fouettard ou la Befana, les sorcières qui mangent les enfants… Après tout, Hansel et Gretel ne peut-il pas être vu comme le prototype de ces dystopies initiatiques ? Oui, ok, j’exagère. Donc les enfants ont des règles et des croyances qu’ils vont devoir combattre pour survivre et devenir adultes. 

Milliken et Mae fuient avec leur père

Dans Snow Angels, c’est très littéral puisque la survie implique de briser une des trois règles et de fuir hors de la tranchée. En l’absence de leur père, Milliken va devoir prendre soin de sa petite soeur Mae et la protéger alors qu’en début de récit, elles avaient du mal à se supporter. Car la BD est centrée sur Milliken, une jeune fille qui vient de fêter son anniversaire, va devoir survivre comme elle peut en prenant soin de sa petite soeur fragile. Et va apprendre la vérité sur les origines de sa peuplade. Vérité que son père connaissait mais qu’il n’a pas partagé avec ses filles. Estimant que le mensonge les protègerait mieux que la vérité.

The snow man

Au-delà de ce récit initiatique, Snow Angels nous propose quelques fantaisies futuristes comme les mechas, déjà cités, ou ce soldat du futur dans sa cyberarmure. D’où vient-il et pourquoi massacre-t-il tout le monde ? Ca, je ne vous le dis pas. Car la BD vaut le détour. Le dessin est beau, le rythme bien géré. Bon, j’ai parfois confondu Mae et Milliken mais au global, ça fonctionne bien. Et je trouve cet exemple de dystopie “passage à l’âge adulte” toujours intéressant. Surtout dans la volonté des parents de préserver au maximum l’innocence de leurs enfants. Après tout, même dans un futur cauchemardesques, les enfants restent des enfants. 

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