Régulièrement, la science-fiction aime nous présenter une vie de famille douce comprenant une personne un peu particulière : un robot. Et comme le sous-texte est souvent “attention à la technologie”, on bascule rapidement en mode cauchemar dystopique. IA exterminatrices d’humanité, robots en quête d’indépendance, androïdes qui prennent conscience d’eux-même et réclament les mêmes droits que les humains, machines entièrement dévouées à leur maître… La liste est longue. Et je relance de deux avec Cassandra, une série allemande qui navigue entre thriller, tension… et look rétrofuturiste.

Une famille qui essaie de prendre un nouveau départ
L’histoire : après un drame familial, la famille Prill décide de quitter la grand ville pour s’installer à la campagne. David et Samira ont un coup de foudre pour une maison qui a la particularité d’être la première maison connectée d’Allemagne. Et surprise : la maison est gérée par une intelligence artificielle, Cassandra, qui s’incarne dans tous les écrans de la maison mais aussi dans un robot au look improbable. Une sorte d’énorme aspirateur avec une télé à son sommet permettant de diffuser le visage de Cassandra. Mais il semble que l’intendante robotisée autoproclamée de la maison ne soit pas très fan de Samira et les ennuis commencent.

Un robot au comportement suspect
Une histoire classique en premier lieu. Un robot particulièrement intelligent et autonome régit la maison. Il s’occupe de toutes sortes de tâches domestiques et s’assure du bien-être de la famille. On peut penser à Arisa de Better Than Us dans le même style. Si la famille est d’abord ébahie des capacités de Cassandra, Samira va vite être inquiétée par les propos et agissements de la nounou. Un accident par ci, par là et la mère de famille comprend que Cassandra n’est pas juste une nounou en métal et silicone mais bien une rivale dans sa propre maison.

Un cas classique de manipulation
Cassandra semble donc dans un premier temps une version technologique de la fiction classique de la nounou qui veut prendre la place de la femme de la maison. Il y a quelques téléfilms et séries sur le sujet à découvrir. Les ressorts narratifs sont les mêmes : la nounou manipule la famille pour qu’elle se retourne peu à peu contre la mère de famille. Fun fact : j’ai regardé la série L’intruse juste après Cassandra et ce sont presque les mêmes techniques de manipulation.

Un robot rétro tueur ?
Cependant, Cassandra va vite nous raconter une autre histoire. En effet, la série nous propose plusieurs arcs narratifs. On se focalise d’abord sur la famille Prill qui découvre sa nouvelle vie et sa nouvelle maison mais très vite, Samira va trouver de vieilles diapos de la famille qui vivait là dans les années 60-70 et se rendre compte que Cassandra a le même visage que la femme qui vivait là, la mère de famille. Une famille que Cassandra semble avoir tué, si on en croit l’intro de la série.

Et soudain un savant presque fou
La série se veut plutôt horrifique. La série s’ouvrant sur cette accusation, on n’est pas très à l’aise dès que le robot interagit avec les membres de la famille. A partir du moment où l’on sait que Cassandra a eu une version humaine, la série va nous raconter la vie de la famille Prill, de façon chronologique, et de l’autre la vie de la vraie Cassandra via des flashbacks. Flashbacks qui sont aussi l’occasion de découvrir Horst, le mari de Cassandra, le créateur de toute la domotique de la maison et sorte d’exalté de la science.

Cramer sa femme aux radiations, pas de problèmes
Horst est le prototype même d’un Dr Frankenstein qui ne considère pas les potentielles conséquences de ses actes. Outre la création de Cassandra, qui semble avoir quelques dimensions psychopathiques, il va proposer à sa femme enceinte de passer une sorte d’échographie avec une machine qui la bombarde de radiations. Mais que pourrait-il mal se passer ? Puisque Cassandra le robot semble exister dans une temporalité où Cassandra, la femme, n’existe plus, ça pue un peu cette histoire… En plus d’être un exalté de la science sans aucune conscience, Horst est également un parfait trou du cul : masculiniste, volage, doué d’aucune empathie pour sa femme ou son fils. L’action se serait passée dans les années 30, nul doute qu’il aurait distribué des “saluts romains” à tout va.

Une série intrigante
Alors oui, Cassandra est une énième revisite du monstre de Frankenstein avec cette touche rétrofuturiste qui m’a immédiatement séduite. Surtout la piscine intérieure dans la maison derrière une splendide verrière, ce serait mon rêve absolu. Mais cette série a quelque chose. Si à la fin du premier épisode, nous n’étions pas très convaincus, trouvant les ressorts narratifs un peu gros et convenus, la série trouve son rythme à partir du moment où l’on commence à suivre la vie de Cassandra, l’humaine, et à reconstituer ce que fut sa vie. Il y a une petite dimension sociale à découvrir la vie de cette Bree Van der Kampf, obligée de sauver les apparences même dans les pires situations.

Un robot pas du tout androïde
Je regrette juste que le plot twist final n’ait pas eu plus d’impacts sur les comportements de Cassandra, j’aurais trouvé l’histoire globale plus intéressante ainsi. Ca reste cependant une série sympathique avec quelques passages assez tendus. Notamment une scène qui m’a vraiment donné envie d’arrêter la série. Certaines scènes vraiment inspirées, d’autres moins. Mais rien que pour l’esthétique rétro-futuriste et cette petite touche d’originalité d’avoir un robot qui n’est pas androïde, ma foi, ça vaut le coup de s’y attarder.