Shaârghot, le groupe de métal dystopique

La dystopie se décline en roman, BD, films, jeux vidéos… mais aussi en musique avec Shaârghot, un groupe de métal dystopique.

SI vous deviez réaliser une dystopie, quel style de musique utiliseriez-vous pour accompagner votre récit ? Beaucoup penseront sans doute au métal, parfois mâtiné d’électro, avec un passage en musique classique quand on découvre l’univers luxueux du dirigeant despotique du coin. Il faut dire que les dystopies qui ont marqué notre enfance nous proposent cet univers musical là. Matrix, Terminator, Mad Max avec, à son sommet, Fury Road. Alors si je vous dis qu’il existe un groupe d’électro-metal français qui joue sur l’univers dystopique, vous ne tomberez pas de votre chaise. Aujourd’hui, on va donc parler de Shaârghot.

Shaârghot, groupe métal électro indus

Petit paragraphe pour vous présenter le projet artistique Shaârghot. A la base, Shaârghot est un duo qui souhaite proposer un son mêlant métal industriel et électro indus. Dans leurs influences, on retient Rammstein, The Prodigy et Punish Yourself. Le duo se forme en 2011 puis en 2014, ils se lancent dans la production de leur premier album. Etienne Bianchi, le chanteur, décide d’endosser le rôle de Shaârghot, un mutant marginalisé et en lutte contre le pouvoir de la cité ruche de Great Eyes. Car oui, Shaârghot n’est pas juste un groupe de métal électro-indus, c’est une histoire avant tout. Une histoire dystopique.

Shaârghot, groupe de rock dystopique

Au fur et à mesure de ses albums, déclinés en “tome” des fois que l’influence des comics nous ait échappée, l’univers de Shaârghot va s’étoffer. Déjà, chaque membre du groupe va devenir un personnage à part entière. Etienne, le co-créateur et chanteur est donc Shaârghot comme déjà dit, le batteur devient O. Hurt//U, celui qui filme les concerts sur scène devient Scarskin, etc. L’univers de Shaârghot, imaginé par Etienne dès les années 2010 prend vie à travers les albums, les clips, les prestations scéniques, les illustrations de Lyan et même un clip court-métrage de 20 mn pour le titre Black Wave.

black wave, clip court métrage

Mais quelle est l’histoire de Shaârghot ? Tout se passe à Great Eye, une cité-ruche. Les cités-ruches sont définies comme des îlots de civilisation disséminées ça et là sur des terres devastées par les radiations consécutives à la Troisième guerre mondiale. Ce qui évoque un peu l’univers de Mécaniques fatales. Great Eye n’est pas tout à fait une cité joyeuse puisqu’il s’agit plus d’un conglomérat politico-industriel autoritaire. Et leurs intentions ne sont pas forcément louables. Ils kidnappent par exemple certains citoyens pour les soumettre à des expériences scientifiques. C’est le cas de Shaârghot, un activiste opposé au gouvernement en place. 

Clip Black Wave

Shaârghot se retrouve donc torturé puis subit des injections d’un produit censé régénérer les cellules pour offrir une seconde jeunesse aux élites de la ville. Evidemment, l’expérience tourne mal et Shaârghot meurt. Enfin, son corps humain meurt. Il devient un mutant à la peau noire, rongé par la fureur et amnésique. A son réveil, il massacre les scientifiques qui lui ont fait subir ce protocole et s’enfuit. Il reste discret un certain temps avant de commencer à lever une armée qu’il contamine grâce à son sang, ce qui crée une connexion psychique entre ses soldats et lui. Objectif de cette armée de l’ombre littéralement appelée “Shadows” : foutre le bordel. 

Shaârghot

Un univers très riche et dense qui nous évoque pas mal de thèmes classiques  de dystopies. Tout d’abord un pouvoir concentré dans les mains des plus riches. Parmi ses influences, Etienne cite Soleil vert ou encore Blade Runner. Sur cette dernière référence, c’est effectivement très clair : la corporation qui fait la pluie et le beau temps sur la ville, qui se lance dans la création de créatures qui échappent à leurs créateurs, bon… Je rajoute une dimension Frankenstein, bien évidemment, avec un personnage monstrueux et ivre de rage contre ceux qui l’ont créé tel quel. Cette ploutocratie qui massacre les pauvres ou les déclassés pour son confort, ça évoque beaucoup de dystopies. Soleil Vert, oui, mais aussi Zardoz, Altered Carbon ou, puisque le groupe revendique une dimension cyberpunk, le Neuromancien

Guitariste Shaârghot

Sur le côté “monstruosité scientifique”, dirons-nous, il y a pas mal de références qui me viennent également en tête. En premier lieu Vander et Jinx dans Arcane. On pense aussi à des oeuvres comme Elysium ou Final Fantasy VII où des êtres humains lambda sont sacrifiés sur l’autel de l’industrie, soit en étant contaminé par une source d’énergie miraculeuse soit en étant victime d’un accident. Hors dystopie, je cite également Phantom of the Paradise où un personnage un peu lambda qui ne veut pas se faire avoir par le système se retrouve défiguré et devient littéralement fou de rage. On a également la question des expériences scientifiques et de la contamination. L’armée des Shadows pourrait faire penser à une armée de zombies mais on est plus proche des Somnambules, selon moi, puisqu’il y a une intelligence derrière tout ça. Mais surtout, ça me fait penser à Bioshock avec cette société ultra-libérale où le pouvoir se calfeutre loin de la colère populaire, avec une drogue qui entraîne des mutations. Et oui, je re-cite Arcane et sa shimmer.

Shaârghot, break your body

Arrêtons nous également sur la quête d’immortalité des riches, un grand classique des dystopies intégrant généralement une lutte des classes. Car la longue vie est un privilège de riches. La course contre la mort, menace essentielle d’une société technologiquement avancée, ça évoque, outre Altered Carbon, Zardoz et Le neuromancien déjà cités,  Ad vitam où l’on s’injecte des cellules de méduse, Galaxy Express 999 où l’on va se faire robotiser. Ou encore la trilogie de La faucheuse où la mort naturelle n’existe plus, ce qui peut être bien embêtant si personne ne régule tout ça. 

Shaârghot en concert

Bref, j’avais envie de vous parler de Shaârghot car il est intéressant de voir que la dystopie s’étend au-delà des médias strictement graphiques et parce que j’aime l’idée d’une dystopie transmédia prenant ses racines dans un terreau musical. Après, pour ceux qui écrivent des dystopies de type énervées, je vous dirais bien que ça fait une très bonne bande-son pour encourager l’écriture. Mais attention : cet univers a déjà sa propre histoire. Et je vous encourage à la découvrir à travers leurs clips. Pour les prestations scéniques, attention, ça secoue un peu… Pour terminer, sachez qu’Etienne a déclaré avoir de la matière pour six albums mais l’histoire s’étoffant au fur et à mesure de ses rencontres artistiques, allez savoir. Une oeuvre vivante et évolutive, ça aussi, c’est intéressant. 

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