Encore une dystopie avec des ados ? Et oui, je vous ai promis une trilogie sur le sujet donc après Anna, série qualitative, nous allons descendre d’un cran aujourd’hui avec un film qui devait lancer une nouvelle franchise de dystopie “young adult” mais s’est planté au box office. Aujourd’hui, parlons donc de Darkest minds, une histoire d’ados avec des superpouvoirs.

Déporter des enfants avec des pouvoirs
États-Unis, futur proche. Un mystérieux virus vient frapper les enfants. Soit ils en meurent, soit ils développent des pouvoirs spécifiques. Ces pouvoirs, classés par couleur, rend les bambins potentiellement dangereux et incontrôlables. Alors évidemment, les États-Unis réagissent de façon raisonnable et digne d’une démocratie en aidant les enfants à maîtriser leurs pouvoirs… Ah non, ils les enferment dans des camps. Ils testent les enfants pour trouver la couleur de leur pouvoir avec une consigne : supprimer les enfants au pouvoir rouge et orange, les plus dangereux.

Une orange bien cachée
Ruby, ayant survécu au virus, n’a pas déclenché de pouvoirs particuliers. Mais un soir, elle s’efface par accident des souvenirs de ses parents. Le lendemain, ceux-ci appellent donc la police, paniqués d’avoir un enfant chez eux. Ruby se retrouve dans un centre et, surprise, c’est une orange. Elle parvient à manipuler l’esprit du médecin pour qu’il la classe en verte, les super-pouvoirs de l’intelligence, et reste cachée pendant six ans. Mais elle finit par être démasquée. Heureusement, une infirmière membre d’un groupe de résistance la fait fuir.

Une dystopie young adult très classique
En lisant le synopsis, vous devez sans doute penser à la tripotée des dystopies “young adult” mettant en scène une adolescente en lutte, un peu malgré elle, contre un système. Le côté “couleur des pouvoirs” rappelle plus ou moins directement le fonctionnement de la société de Divergente. Effectivement, sorti en 2018, Darkest minds fermait la marche de la mode des dystopies young adult. Mais il est arrivé après la hype, alors que le dernier film de Divergente ait été annulé suite au bide du 3.

Une héroïne qui ne sait pas où elle a atterri
Arrêtons nous donc sur les ingrédients classiques de la dystopie young adult. Tout d’abord, l’héroïne adolescente qui n’a pas tout compris à la vie. Si, d’ordinaire, l’héroïne nous sert de lapin blanc car elle découvre des rouages cachés ou des contre-vérités, ici, le propos est plus tranché. Ruby a vécu six ans dans un camp, coupée du monde, elle n’est au courant de rien. Elle va donc être tenue informée de l’état du monde grâce aux différentes personnes qu’elle va croiser. A noter que dans ces dystopies, le monde est souvent en ruine et la population regroupée dans des villes ou territoires. Ici, ça ne fait pas exception. Tous les adultes ont fui la campagne pour la ville. Pourquoi ? Parce que vu qu’ils ne font plus d’enfants, ils n’ont plus besoin d’espaces donc autant aller là où il y a du travail. OK, une façon un peu tordue de faire dégager les figurants du film et ne laisser sur la route que résistants et chasseurs de prime.

Entrer en résistance mais avec qui ?
Point classique numéro 2 : la résistance. Ruby va rapidement tomber sur un groupe d’ados qui a réussi à s’enfuir d’un camp. Chacun représente une couleur de pouvoir. Chubs est vert, doté d’une très grande intelligence. Liam est bleu, il maîtrise la télékinésie. Zu est jaune. Bien qu’elle soit encore très jeune, elle maîtrise l’électricité, ce qui la rend très puissante. Il nous manque un rouge (pyrokinésie) et la collection serait complète. Ce groupe va évoquer deux groupes de résistance : d’abord celui des adultes qui veulent sauver les enfants des camps et auquel appartient l’infirmière qui a aidé Ruby à fuir. Le nouveau gang de Ruby ne les aime pas car, selon eux, ils utilisent les enfants comme des soldats pour défendre leur cause.

Un groupe légendaire
Et puis nous avons un mystérieux groupe d’enfants dont on sait peu de choses. La résistance légendaire avec, à sa tête, un personnage puissant, qui aurait le savoir. Notre gang va donc partir à sa recherche. Un ressort qu’on retrouve dans Anna mais aussi Le livre de M qui, même s’il n’est pas une dystopie car aucune organisation n’émerge du chaos généré par un virus, on retrouve cet entité quasi miraculeuse que des groupes distincts vont rechercher. On a même ça dans Le fléau de Stephen King avec mère Abigaelle. Contrairement aux dystopies young adults de l’époque qui se déroulent toutes dans un univers fermé plus ou moins vaste, Darkest minds évolue sur le territoire américain. A partir du moment où des personnages sont livrés à eux-mêmes sur un territoire aussi vaste, il faut bien leur donner une quête. Ah oui et notons un passage dans un mall déserté, gros classique aussi (Camp Zero, Daybreak).

Un soupçon d’amour impossible
Évidemment, ingrédient trois : la romance. Assez peu centrale ici, quoi qu’il en soit. Liam et Ruby se tournicotent autour mais Ruby n’ose pas franchir le pas car elle ne maîtrise pas bien son pouvoir et craint de s’effacer de la mémoire de Liam. Bon, ça ne les empêche pas de danser collé-serré mais admettons. L’amour impossible est un ingrédient délicatement épicé tout à fait acceptable dans une fiction. C’est même l’un des plots principaux de la saison 2 de Dark Angel. Bon, dans le film, c’est bizarrement géré mais ok. Surtout que la romance, ici, n’a pas d’incidence sur le parcours initiatique de Ruby même si, à un moment, elle se retrouve un peu trop dans le rôle du trophée féminin d’une tension entre hommes.

Une figure d’autorité étrangement absente
Darkest minds combine donc plusieurs éléments assez typiques de l’ère dystopique de la fin des années 2010 : des adolescents mais aussi un virus qui a des conséquences génétiques. On pense à Divergente ou au Labyrinthe. Le côté d’une minorité qui se retrouve soudain doté d’un pouvoir qui peut entraîner la soumission des dominants m’a également évoqué Le pouvoir de Naomi Alderman. Il manque finalement une menace tangible. Si notre gang croise quelques protagonistes, il manque cette figure d’autorité toute puissante comme le Président dans Hunger Games ou Nova dans Alita, battle angel. Même si, dans Darkest minds, il y a bien un Président des États-Unis qui ment… Bref, du déjà vu/lu, sans doute mais…

Un film pas si pire
Si je ne pense pas que Darkest minds soit un immanquable, je l’ai trouvé plutôt agréable. Déjà parce que les personnages agissent plutôt en cohérence avec les enjeux. Ils n’ont pas de réactions stupides qui servent juste à faire avancer l’intrigue. Ruby est certes un peu exagérée dans la maîtrise de ses pouvoirs que l’on pourrait résumer à “je sais pas m’en servir sauf si le scénario en a besoin”. Mais je l’ai préféré à Divergente avec ses personnages vraiment pas futés ou La labyrinthe, par exemple. Je parle ici des films, je n’ai pas (encore ?) lu Darkest minds.

Bref, Darkest minds est une dystopie young adult plutôt honnête qui aurait sans doute mérité sa suite mais qui est sortie à un moment où le public s’était lassé du genre. N’hésitez pas à rattraper un dimanche d’ennui.