On confond souvent dystopie et anticipation car on ne retient que l’aspect prédictif de ces oeuvres. Cependant, j’aime les dystopies pour leur aspect “lanceur d’alerte”, l’anticipation me semble avoir la même fonction. Je suis pas là pour faire une thèse des genre, juste pour dire qu’aujourd’hui, on va parler anticipation avec Bleue, un roman aux accents écologiques.
Une sécheresse sans fin
Bleue raconte l’histoire d’une France desséchée, qui n’a plus vu la pluie depuis des lustres. Dans une atmosphère brûlante où les incendies dictent leur loi, nous suivons David et sa fille Lou dans un camp de réfugiés dans le pays bordelais. En parallèle se mêle l’histoire de Signe, activiste écologiste suédoise qui s’oppose à la vente de la glace issue du glacier au-dessus de son village. Sauf que l’histoire de Signe se passe en 2017 et celle de David en 2041.
L’eau, telle une menace
Les deux protagonistes vont se retrouver confrontés à l’eau. Signe va descendre de Suède au Canal du Midi bordelais en bateau, essuyant notamment une terrible tempête. David, lui, souffre du manque d’eau. En charge de sa fille rescapée, sa femme et son bébé ayant disparu (littéralement) dans un incendie massif dans sa station balnéaire méditerranéenne, il va tout faire pour survivre. Or la vie au camp de réfugiés n’est pas tous les jours rose, surtout quand les réserves d’eau partent pour éteindre un énième incendie.
Bateau abandonné et activisme écologiste
Le point commun entre ces deux histoires ? Un jour, David et Lou trouvent un bateau abandonné, on comprendra rapidement qu’il s’agit de celui de Signe. L’angoisse de la mort est assez forte sur la partie de David, la soif qui taraude… Ces fossés secs que l’on devine être le Canal du Midi… La partie David est particulièrement intéressante car celle de Signe raconte limite tout une autre histoire, à base d’engagement voire d’activisme écologique.
Le reflet de nos préoccupations
Les dystopies et anticipations sont souvent un reflet aigu des préoccupation de notre monde. Depuis quelques années, je repère quelques dystopies et anticipations de type écologiques. Je vous avais parlé d’Islanova, Final Fantasy VII, j’ai Air dans ma pile de livres à lire. Et si tout va bien, dans quelques mois, je pourrai vous chroniquer le roman de Maja, publié aux éditions Pouet Pouet puisque mes personnages sont des activistes écologistes. Maisons d’édition, préparez-vous à recevoir un manuscrit pile dans la tendance, héhé !
Un récit qui manque parfois de nuances
Bleue manque parfois de nuance. En fait, je trouve le thème de départ bien trouvé, réaliste même. Son traitement l’est tout autant et on sent bien que l’autrice, Maja Lunde, connaît réellement les glaciers de Suède dont elle parle ainsi que le Bordelais où se déroule la partie de David. S’il faut accepter qu’on ne comprenne pas bien durant tout le roman pourquoi on suit l’histoire de Signe, le dénouement éclaire tout et ce n’est pas tiré par les cheveux. Ca coule de source, si j’ose dire.
Sans doute que dans quelques années, les romans de ce type se multiplieront et Bleue ne sortira pas spécifiquement du lot. Mais il reste une lecture agréable qui brasse pas mal de sujets qui m’intéressent. Mais surtout, s’inscrit dans une tendance qui devrait se renforcer dans les prochaines années.
NB : un roman avec de l’écoterrorisme suédois écrit par une Maja, c’est pas un peu un signe ?
5 thoughts on “Bleue, l’anticipation sèche”