En général, quand on parle abrutissement des masses, on pense de suite à la télé. Ou tout du moins aux écrans. C’est le cas dans Albator, Fahrenheit 451 et 1984. On limite l’apprentissage d’un savoir par un écran supposant une passivité importante. Mais il existe une autre voix pour l’abrutissement des masses : les petites pilules ! Donc aujourd’hui, c’est le meilleur des mondes par Aldous Huxley.
Une société parfaitement hiérachisée
Dans une société parfaitement hiérarchisée où chaque individu est programmé dès sa conception dans un laboratoire pour appartenir à une caste, chacun vaque à ses occupations sans se sentir malheureux de son destin. Les castes vont de Alpha à Gamma. Chaque membre s’habille de façon à être reconnu, chacun joue son rôle dans la société. Le sexe étant devenu inutile pour la procréation, il n’est plus que festif, chacun ayant plusieurs partenaires. Bernard et Lénina se fréquentent donc en toute légèreté. Mais Bernard n’est pas vraiment un citoyen modèle. Plutôt petit pour un Alpha, il refuse de prendre le Soma, une sorte de drogue qui rend heureux. Il invite donc Lénina à visiter une “réserve” où vivent des “sauvages”, individus vivant selon les traditions tribales. Sur place, Bernard et Lénina rencontrent Linda, une femme s’étant perdue autrefois dans la réserve et qui a accouché sur place, à l’ancienne, ce qui choque Lénina. Bref, Linda et John, son fils, repartent avec Bernard et Lénina. La naïveté de John et sa méconnaissance de la société va nous permettre d’en mesurer tout le grotesque.
Le rejet total de la société
Il se passe beaucoup de choses par la suite, John ayant du mal à s’adapter à la société qu’on lui propose. Bernard, qui était limite à la marge de la société, devient très populaire. Il organise des soirées pour que les gens puissent voir le sauvage mais John ne joue pas le jeu. Ce dernier devient violent quand personne ne comprend sa peine et ses larmes quand sa mère décède. Il ne supporte que difficilement la proximité de Lenina. En colère, il tente de monter une rébellion en privant les Deltas de leur Soma. Mais ces derniers se révoltent et John est exilé.
Abrutissement par la drogue
Pourquoi je range cette dystopie dans la catégorie “abrutissement des masses” ? Je m’intéresse surtout ici à la drogue, au Soma. Mais pas que puisque toute la société tient par l’endormissement des citoyens. Dès leur conception, ils sont assignés à une caste et développés en fonction. Une fois nés, ils ont droit à un enseignement “hypnopédique” durant leur sommeil leur édictant la morale de la cité (gros tabou sur tout ce qui touche à la reproduction). Plu personne n’enseigne l’Histoire, jugée inutile… Bref, ils ne sont pas nés que déjà, les citoyens sont contrôlés pour ne pas réfléchir, suivre le chemin qu’on leur a assigné. Le personnage de Linda est intéressant car si elle vit longtemps loin de la société, dès qu’elle y retourne, elle reprend les normes de sa caste et est honteuse d’avoir eu un enfant de manière naturelle.
La normalité ou l’exil
Toute dérogation à la norme est sévèrement punie : les femmes doivent faire des exercices malthusiens pour ne pas tomber enceinte, la reproduction naturelle étant devenue totalement taboue pour éviter des naissances incontrôlées. D’ailleurs, quand Bernard oute le père de John (un Alpha haut placé), ce dernier est contraint de démissionner. Bref, cette société ne fonctionne que parce qu’absolument tout est sous contrôle, le moindre élément perturbateur étant envoyé en exil. Mais ici, la société ne s’effondre pas dans un grand fracas, rognée par sa faiblesse cultivée au fil des ans. Comme dans 1984, ceux qui ont voulu sortir du chemin sont, in fine, perdants. Plus d’amour, plus d’Histoire, juste le soma. Bienvenue dans le meilleur des mondes.
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