Quand les dystopies nous peignent un avenir sombre, c’est soit l’œuvre d’individus ayant confisqué plus ou moins frontalement le pouvoir… ou d’une technologie qui a dérapé. Quand on parle de solution chimico-technologique au réchauffement climatique, je cite inlassablement Snowpiercer, un de mes films préférés. Sauf que Snowpiercer me faisait furieusement penser à une nouvelle, lue dans mon adolescence. Une nouvelle écrite par Stephen King, excusez du peu. Pendant des mois, j’ai cherché le titre pour vous en parler et, au détour d’un déjeuner chez mes parents, j’ai retrouvé le recueil de la nouvelle. Donc aujourd’hui de pacification, de super volcan, et de fin de l’Humanité. On va parler du Grand Bazar : Finale.
Un savant qui veut éradiquer la violence
Alors Le Grand Bazar : Finale, ça raconte quoi ? Robert Fornoy est un génie. A dix ans, il termine ses études secondaires et entre à Harvard. Obsédé par les questions de violence, il va observer les guêpes et abeilles, les unes pouvant piquer à plusieurs reprises alors que les autres non. Poursuivant ses recherches, il découvre que dans une petite ville américaine, il n’existe aucune violence recensée. En analysant la nappe phréatique, il va découvrir une substance chimique qui annihile les comportements violents.
Des abeilles et un super volcan
Après une disparition de 3 ans, Robert revient avec une synthèse de la fameuse substance chimique qu’il a appelé Calmine. Décidé à offrir la paix aux Humains, il embarque son frère et ils se rendent tous les deux sur les flancs d’un super volcan proche de l’éruption pour jeter la Calmine dans son cratère. L’éruption a lieu, la Calmine se diffuse bel et bien dans l’atmosphère et les Humains perdent peu à peu leur agressivité. Sauf que, vous l’aurez deviné, chaque médaille a son revers et la Calmine aura un effet secondaire terrible.
Une technologie née d’une bonne intention, mais…
Ici, on retrouve deux éléments assez classiques des dystopies. Tout d’abord la technologie qui, voulant améliorer la vie des Humains, les précipite vers leur fin. J’ai évoqué Snowpiercer, comparaison évidente, mais on pourrait citer Terminator sur un volet plus mécanique. Ou Matrix sur un plan plus cybernétique. La Calmine est une application quasi littérale de l’enfer pavé de bonnes intentions. Y a même le feu et la lave. Dans le Grand Bazar : Finale, King nous propose une version alternative du savant fou. La nouvelle s’attarde un long moment sur toute l’intelligence de Robert, enfant si surdoué qu’il mit au point très jeune un traitement de texte car l’écriture manuelle n’allait pas assez vite pour sa pensée et lui causait de terribles maux de tête. Oui, une machine à écrire plus plus, on n’est pas loin des Tommyknockers. Robert agit dans un but purement pacifiste. Il détruit l’Humanité en voulant la sauver.
L’humanité sans violence n’est pas l’humanité ?
Et j’en arrive à un de mes points préférés des dystopies : l’interrogation sur ce qu’est l’Humanité. La calmine n’est pas sans rappeler les cocktails chimiques administrés de facto aux Humains dans Un bonheur insoutenable et Le passeur. Les passions humaines sont destructrices. La seule façon d’offrir au monde la paix et la sérénité, ce sont les molécules. Mais peut-on encore parler d’Humains quand ceux-ci sont dépossédés de leurs émotions ? Dans Le grand bazar, les effets secondaires de la Calmine sont visibles, indiscutables. En voulant changer l’Humain, Robert l’a annihilé à plus ou moins court terme. Le message est sybillin.
Une petite madeleine, pour le plaisir
Bref, j’avais envie de vous parler depuis longtemps de cette nouvelle qui m’a fortement marquée étant ado. J’ai comme un goût de madeleine en bouche. Et ça me donne envie d’explorer les nouvelles dystopiques car elles sont riches en idées et en thèmes. Si vous avez quelques références à me partager, n’hésitez pas !
NB : J’ai découvert en faisant ma recherche iconographique qu’il existait une adaptation télé. Faut que je me la procure.