Kaos, la dystopie mythologie grecque

Revisiter la mythologie grecque pour en faire une dystopie à l’époque contemporaine ? C’est le pari réussi de Kaos sur Netflix

Quand j’ai lancé la série Kaos sur Netflix, je n’avais que peu d’attente. Ah oui, ok, c’est Jeff Goldblum en Zeus, encore un délire que je ne suis pas sûre de saisir. Comme la folle sacralisation de Bill Murray, mec universellement adoré alors que… jamais saisi la hype. Et puis finalement… Bref, j’imaginais un délire américain autour de l’élégance de Jeff mais finalement, j’ai découvert une incroyable dystopie à l’esthétique léchée.

Jeff Goldblum dans Kaos sur Netflix

L’histoire. Dans une société contemporaine, les Dieux continuent de faire la pluie et le beau temps. Alors que les Humains vivent leur vie, Zeus est inquiet. Il sent la fin de son règne poindre et voit des signes de sa déchéance prochaine partout. Obsédé par une prophétie, il commence à perdre pied. Son épouse Hera essaie de l’apaiser et de le garder sous contrôle. Pendant ce temps, sur Terre, la douce Riddy se demande comment quitter son mari, Orphée. Empêtrée dans son tourment conjugal, elle ne sait pas qu’elle est l’une des chevilles ouvrières de la chute de Zeus, tout comme Cénée et Ariane.

Kaos sur Netflix, une série déjantée

Raconté comme ça, vous allez me dire que Kaos c’est plus un étrange bouillon mythologique qu’une dystopie. Ce à quoi je vous répondrai “Mmm, un dirigeant surpuissant et autoritaire qui joue le destin de son peuple selon son bon vouloir et ne perd pas son sceptre quand il tombe dans la paranoïa, ça ressemble à un système bien moisi”. On ajoute à ça un roman “national” incitant au sacrifice pour, officiellement, de nobles raisons alors que ça ne sert que les intérêts de la caste dirigeante. On n’est pas loin de Soleil Vert, ici. Une peur limite panique de la population vis-à-vis de ses dirigeants à qui on voue un véritable culte. Et enfin de la graine de résistance. Vraiment, si c’est pas de la dystopie, ça…

Meduse dans Kaos

Déjà, arrêtons quelques instants sur le capricieux Zeus. Qui vit dans un ravissant palazzo. Très bling bling à l’intérieur mais l’extérieur, avec ses terrasses et ses fontaines, m’a fort charmée. Ca m’a évoqué le Palais de Sissi à Corfou. Ou le Capitole d’Hunger Games dans sa démesure. Après, son personnage de dictateur égocentrique, cruel et paranoïaque a droit à quelques scènes mettant en relief son despotisme. Fornicateur pathologique, il massacre volontiers son personnel quand il est insatisfait ou les prêtresses de son épouse, Hera. Voire son frère qui finira par ressusciter. Il se montre particulièrement sadique avec Prométhée, son prisonnier confident. Il choisit de supprimer les Moires car leur prophétie ne lui convient pas. D’ailleurs, je suis un peu intriguée sur cette histoire de Moires qui sont présentes dans l’univers de Neil Gaiman et dans Blood of Zeus, cette série bizarre sur Netflix où un fils de Zeus menace l’ordre établi de l’Olympe. Y a un truc spécifique aux States autour d’elles ou c’est le hasard ? Bref, Zeus est un dictateur jusque dans sa tenue, un splendide jogging qui n’est pas sans rappeler Fidel Castro.

Zeus, un autocrate en jogging

Face à lui, un autre style d’autoritarisme : celui de Hera. Plus subtil et plus loyal. Manipulant Zeus ou Poséidon sans état d’âme, elle profite de la puissance de son corps prétorial qui joue un rôle important dans la société. Car si Zeus bénéficie d’une imagerie et de quelques cultes, Hera est finalement l’incarnation de notre Dieu moderne. Les églises sont à son effigie et les confessions sont faites auprès de ses  prêtresses, faisant d’elle une sorte de Maîtresse de tous les secrets. Seul “caprice” de sa part : transformer les maîtresses de Zeus en abeille.

Hera dans Kaos

Face à ces despotes, une résistance existe même si nous n’en savons pas grand chose. Elle est notamment organisée par Prométhée, confident-victime de Zeus qui attend la chute du premier des Dieux, essentiellement pour échapper à son supplice. Evidemment, pour en savoir un (petit) peu plus sur la résistance, nous allons avoir besoin d’un élu Lapin Blanc. Nous en aurons même deux côté vie des Dieux avec Riddy et Cénée qui vont s’allier. Côté humain, c’est Ariane qui s’y colle. Humaine aidée par les Furies à comprendre son histoire, elle sera le bras de la Destinée au grand dam de Zeus. 

Kaos, Ariane et Minos
Belle utilisation de la Place d’Espagne à Séville

Bref, sous couvert de réécriture de mythologies grecques à l’époque moderne, Kaos nous propose surtout un système despotique où les intérêts des uns et des autres entrent en conflit, amenant inexorablement au chaos. Si la transposition de la religion grecque dans notre société actuelle est pas mal bâclée, se contentant de remplacer Jésus par Hera, les croix par des éclairs et le signe de croix par un signe bizarre dont la signification m’échappe, le résultat est franchement agréable et intrigant. La fin de saison 01 laisse entrevoir énormément de possibilités et j’ai hâte de découvrir ça. En espérant que Netflix n’annule pas la série qui, apparemment, ne cartonne pas des masses. 

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