Toujours cette passion pour les univers virtuels qui me font rêver depuis l’adolescence alors que la réalité est fort décevante. Viens dans le métavers, on t’a mis plein de pub. Heureusement pour moi, c’est un sujet qui fascine également nombre d’auteurs et me permet de vivre mon rêve d’ado dans différentes fictions. Dont Virtu(e)ls, de l’homo avatar où la technologie permet de vivre un événement en direct sans y être réellement. Ouah, trop bien. Oui… sauf si ça tourne mal.
Un attentat d’un nouveau genre
Virt(u)els, ça parle de quoi ?, En 2076, les JO se tiennent à Paris. La cérémonie d’ouverture se déroule sous haute tension car des menaces terroristes ont été proférées. Beaucoup de spectateurs profitent donc de la nouvelle technologie d’un projecteur virtuel pour assister à cet événement… en direct de leur canapé. Comme par exemple avec Quentin qui découvre avec extase qu’il peut défiler avec les sportifs, leur sauter dessus, etc. Sans que ces derniers aient notion de sa présence… La cérémonie se passe bien, tout risque d’attentat semble écarté… Sauf que l’attentat n’a pas visé le stade mais le datacenter permettant aux spectateurs virtuels de se promener dans le Stade. Voici donc des millions d’âme à travers le monde coincées dans cette projection.
Un traumatisme mondial
Le roman va se dérouler sur deux plans. D’un côté « la vraie vie » avec des bouleversements politiques forts. Déjà parce que le Président des Etats-Unis est bloqué à l’intérieur du monde virtuel et qu’il n’est pas le seul dirigeant à subir ce sort. De l’autre parce que le monde est choqué, tout autant que pour le 11 septembre. Dans cette vraie vie, nous allons donc suivre Léonie, compagne de Quentin susnommé. Et surtout directrice d’un groupe de mercenaires d’Etat à la recherche d’une solution pour rapatrier les virtels, tels qu’ils sont nommés, dans le monde réel.
Se réorganiser en attendant…
Puis nous allons suivre les Virtels eux-mêmes. Grâce aux capacités psychomentales de certains virtues, les différentes âmes vont pouvoir se rencontrer et créer peu à peu une nouvelle cité, Edenya. Véritable utopie à l’architecture parfois délirante, elle permet aux bloqués de vivre une vie en communauté en attendant. Ou en n’attendant pas, d’ailleurs. Car l’utopie n’est qu’en surface. Edenya est séparée entre l’Ouest, réunissant ceux qui veulent récupérer leur vie d’avant et l’Est avec ses habitants qui ne veulent surtout pas rentrer. Et si l’Histoire et l’actualité nous ont bien appris un truc, c’est que l’Est et l’Ouest finissent toujours par se déchirer.
Une influence Matrixienne parfaitement assumée
Virt(u)els fait fortement penser à Matrix. Des humains piégés dans une simulation virtuelle avec des capacités mentales leur permettant de jouer à l’envi avec la matière et les lois physiques, on connaît. Cette proximité n’est pas du tout cachée par Rodolphe le Dorner, l’auteur. Nous avons par exemple droit à une scène où le décor se décompose en séries de 0 et de 1. Ou la couverture même du roman. Inclure dans le récit les pyscho-kinésistes qui peuvent moduler l’univers à l’envie est un pari risqué. Certains personnages ont des pouvoirs très développés comme Rachel qui peut faire surgir des objets dont il y a besoin en urgence. Doter ses personnages d’un pouvoir, c’est risquer de de tomber dans le « ta gueule, c’est magique ». Les personnages sont bloqués ? T’inquiète, Rachel va faire apparaître un truc et on va se sortir de là, hihi. Pour le coup, non, c’est bien dosé. Et ça ouvre pas mal de possibilités intéressantes. Notamment au niveau du « délire architectural ». Edenya est super pimpante à l’Est.
Une nouvelle hiérarchie sociale
Autre sujet que je trouve pas mal intéressant : l’inversion de la hiérarchie sociale. Les habitants de l’Est sont surtout des personnes qui n’étaient personne « dans la vraie vie » ou à peu près mais peuvent devenir puissants s’ils ont des dons psycho-kinétiques. Ayant acquis du pouvoir dans cet univers, ils n’ont aucune envie de retourner à leur petite vie. Contrairement à ceux de l’Ouest qui, de puissants, sont devenus des citoyens lambdas. Comme le Président américain, complètement dépassé par les événements et prostré dans son coin. Et évidemment, que se passe-t-il quand un de ces « petites gens de la vraie vie » devient surpuissant ? Ca peut potentiellement mal tourner.
Le terrorisme du futur, ça ressemble à quoi ?
Dernier thème : l’attentat nouvelle génération. Dans Corpus X, Frédéric Bischoff imaginait déjà des attentats d’un nouveau genre à base de drones de livraison détournés. Ici, ce sont les structures d’un métavers qui est attaqué. Et vient cette traditionnelle question : qui du corps ou du mental fait l’individu. Car concrètement, on se retrouve avec des millions de gens instantanément dans le coma que l’on ne peut pas débrancher de leur machine. On fait quoi ? L’attentat est littéralement mondial, le traumatisme instantané. Il se passe plusieurs années dans le roman et toute une économie se développe autour de ces comateux avec soins spécifiques. Car les proches refusent de les tuer mais les médecins ne savent pas s’il y a espoir que les coincés reviennent sans avoir le cerveau complètement cramé.
Un bon premier tome
Bref, un roman au rythme enlevé avec une vraie bonne idée au démarrage et qui déroule bien son sujet. L’alternance vie réelle/vie virtuelle fonctionne pas mal et le pont entre Léonie et Quentin fait que l’on a envie de suivre ces deux univers. Pas comme dans Game of Thrones où parfois, l’auteur coupait une scène haletante pour aller te faire suivre un personnage dont tu te contrefous. Finalement, le seul point noir que je soulignerais, c’est que je n’avais pas compris que ce n’était que le premier roman d’une saga et que j’aimerais bien avoir la réponse à pas mal de questions laissés en suspens. Et si j’ai envie de connaître ces réponses… c’est bien que j’ai été attrapée par cette histoire.
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