J’ai toujours eu un certain goût pour les super-héros et leurs univers, toujours au bord du basculement vers la pire des dictatures. Car si un grand pouvoir entraîne de grandes responsabilités, que se passerait-il si ce pouvoir tombait entre les mains d’êtres mal intentionnés ? C’est précisément ce que nous raconte Coeur d’Acier. Des Humains récupèrent un jour des super pouvoirs souvent totalement destructeurs et en profitent pour faire régner leur loi. Et c’est parti pour ce genre de dystopie que j’aime, à base de pouvoir tyrannique et de résistance.
Ne plus suivre les règles puisqu’on a de super pouvoirs
Coeur d’acier, ça parle de quoi ? Une étrange étoile rouge apparaît un jour dans le ciel, conférant à certains Humains des superpouvoirs divers et variés. On les appelle les Epiques. Satisfaits de leur surpuissance, certains décident de ne plus jouer les règles sociales. Ainsi un Homme attaque la banque dans laquelle se trouve David et son père. Alors que l’Epique s’amuse à pulvériser les clients de la banque de façon aléatoire avec son regard, un nouvel Epique arrive. Décidé à affronter l’Epique pulvérisateur, il le défie. Alors que le combat s’engage, le père de David s’en mêle et blesse par accident l’Epique qui venait d’entrer. Celui entre dans une colère noire et détruit tout sur son passage, tuant toutes les personnes présentes dans la banque. Cet Epique, c’est Coeur d’Acier.
Un despote froid et invulnérable
Ivre de colère, Coeur d’Acier prend ce jour-là la possession de Chicago qu’il fige dans l’acier. Il s’entoure d’autres Epiques dont Maître-Nuit qui fait régner une nuit perpétuelle sur ce que l’on appelle désormais Newcago. Confluence qui peut produire de l’énergie à l’infini. Brasier qui est une torche humaine qui peut tout embraser. Ligne de faille qui peut provoquer des séismes à l’envi… Coeur d’Acier est réputé invulnérable et les Humains normaux baissent la tête et mènent leur vie tant bien que mal, espérant ne pas se retrouver dans la ligne de mire d’un Epique. Sauf qu’à Newcago, une personne sait que Coeur d’Acier a un point faible. Le jeune David, présent à la banque le jour de l’attaque et qui a vu Coeur d’Acier saigner. Il ne sait pas comment c’est arrivé mais il a passé dix années à étudier les Epiques. A présent qu’il est majeur, il souhaite rejoindre la Résistance pour leur apporter son savoir.
Une histoire simple et efficace
Le pitch est donc relativement simple. Le pouvoir est confisqué par des êtres surnaturels contre lesquels les simples Humains ne peuvent rien. C’est peu ou prou le pitch des Puissants dont j’avais déjà parlé. Mais si Les Puissants contenaient une bonne dose de romanesque, ici, ce n’est pas tant le sujet. Ici, on va parler d’abord de vengeance et donner un tour assez rock n’roll à l’histoire de David et Goliath, finalement. Coeur d’Acier n’innove pas quant à son univers. Le côté métal et nuit perpétuelle, ce sont des ingrédients classiques des dystopies aux atours futuristes. Tout au long du récit, notre jeune David et ses acolytes vont aussi se frotter à des gadgets tous plus fous les uns que les autres. Il y a presque un côté jeu vidéo dans ce roman : pour progresser, on récolte au fur et à mesure des outils qui nous serviront à un moment dans le récit.
Est-ce tant le désespoir que ça ?
Mais le roman pousse un peu plus la réflexion que ça. Ce n’est pas simplement une énième copie des dystopies dictatoriales de nuit. Il y a aussi des dimensions assez originales et intéressantes auxquelles le héros, assoiffé de vengeance, n’est pas insensible. Tout d’abord la technologie. Le roman est truffé de gadgets et de nouvelles technologies développées justement à partir des pouvoirs des Epiques. Car juste après l’apparition de l’étoile rouge nommée Calamité, certains Epiques ont accepté d’être étudiés par des scientifiques qui ont pu développer de nouvelles technologies grâce à ces nouveaux savoirs. Calamité a amené le pire mais pendant quelques temps, elle a aussi permis à l’Humanité de progresser. Ce n’est pas si tranché…
Une vie pas si pire
Et justement, autre point souligné : le règne de Coeur d’Acier. La terreur règne clairement à Newcago mais Coeur d’Acier s’arrange pour que son peuple soit satisfait. La nuit perpétuelle règne mais Coeur d’Acier a mis en place une centrale électrique pour assurer que les rues soient toujours éclairées. Le peuple ne meurt pas de faim et la sécurité règne relativement. En somme, si les Humains ne se mêlent pas des histoires des Epiques, ils peuvent mener leur petite vie sans grande inquiétude. David lui-même reconnaît qu’il n’a pas eu une vie si pire que ça. Ce jeune orphelin a été recueilli par une usine d’armes où il a travaillé mais il a été nourri, logé, éduqué et a même gagné de l’argent pour se payer un petit appartement à sa majorité. Le dilemme est clairement posé par un personnage : s’ils éliminent Coeur d’Acier, un autre Epique viendra prendre sa place et rien n’indique qu’il fera tourner correctement la ville. D’autres cités sont dans un état lamentable car leur dirigeant est incapable de gérer correctement…
Classique mais efficace
Bref, Coeur d’Acier est certes une dystopie dictatoriale classique dans son aspect noir et sans espoir et sa résistance prête à tout pour faire sauter le despote en place. Les évolutions du récit me paraissent assez standard, certains personnages un peu caricaturaux. L’équipe de résistants pourrait être n’importe quelle team d’un Final Fantasy, par exemple. Mais le récit nous réserve quelques surprises bien vues et on se laisse embarquer par ce récit qui nous sème au passage quelques questions philosophiques intéressantes. Ca se lit très facilement et les nombreuses scènes d’action sont bien rythmées et dosées. Si vous ne savez pas quoi prendre cet été dans votre valise comme lecture de vacances, ce premier volume de Coeur d’Acier sera parfait. Et je parle de premier volume car je n’ai pas (encore) lu la suite. Pas encore…
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