Sur le papier, j’adore les space operas. Parce qu’ils réunissent pas mal d’ingrédients que j’aime. Du genre des organisations systémiques, des technologies avancées et parfois, des explorations de terres inconnues. Avec de la chance, on aura même des scènes de découvertes de temples oubliés avec, pourquoi pas, un trésor. J’adore les films d’aventure. Donc la trilogie baryonique semblait écrite pour des gens comme moi, surtout qu’on y ajoute une couche d’IA. Alors, verdict ?

Traverser les trous noirs
L’histoire. En 2173, Sara et Slow naviguent à bord de l’Orca 7131 en mission d’exploration spatiale. Car la technologie a fortement progressé. Les Humains sont désormais capables de créer des trous noirs, les utilisant comme des trous de ver pour accéder à des recoins plus reculés de l’espace. Une mission de routine mais lorsqu’elles traversent le trou noir, le vaisseau connaît une grave avarie.

Empêcher l’ultime désastre
Les voici donc perdues dans l’espace face à un système planétaire inconnu contenant une planète avec de l’eau. Et donc potentiellement de la vie. Mais leur vaisseau est trop endommagé pour espérer pouvoir rentrer. Sur Terre, c’est la panique : à cause de leur accident, Sarah et Sloane n’ont pas pu refermer le trou noir. Un trou noir dans le système solaire, serait-ce la fin des haricots ? En panique, un nouvel orca est envoyé en urgence pour essayer de récupérer les deux astronautes et fermer le trou noir.

Les Etats n’ont plus de poids
La trilogie va donc nous narrer l’histoire du sauvetage mais on va aller plus loin avec une expédition vers la fameuse planète qui semble habitable. Cette première trilogie est riche en thématiques. Parlons d’abord systèmes et organisations. Dans la trilogie baryonique, les Etats ne semblent plus avoir de poids. Sans doute parce que suite au réchauffement climatique, pas mal de terres ont disparu. L’Humanité a donc du se lancer dans une grande migration afin d’éviter la disparition. Jusqu’à ce que les progrès de la science permettent d’arrêter la catastrophe.

Les gros consortiums aux manettes
Cependant, si les Etats ne semblent plus vraiment peser dans le game, le pouvoir est partagé entre deux entités : l’Agence, qui gère la conquete spatiale, et l’EPON, sorte d’ONU de l’énergie. Autour de ces deux entités, sortes de frères ennemis, gravitent des sociétés privées qui arrivent à tirer leur épingle du jeu grâce à de juteux contrats passés avec eux. En somme, le pouvoir se partage entre organisations à la gouvernance parfois opaques, tirant quelques ficelles ici et là pour essayer de récupérer une bonne part du gâteau. Bref, niveau démocratie, c’est pas fou fou même si l’enjeu ne semble pas être là.

Des IA censées totalement inoffensives
Autre sujet : les intelligences artificielles. La trilogie baryonique nous présente deux types d’IA. Tout d’abord les Sofia, des entités nounous qui servent de confident et d’éducateur aux jeunes enfants. Façon Klara et le soleil. On découvre le fort attachement qui existe entre les enfants et ado et leur Sofia à travers Slow mais aussi à travers Mia, la fille de Sara. Puis nous avons les experts, des robots qui peuvent gérer l’entretien d’un jardin ou la navigation d’un orca. Ce qui fait furieusement penser à Al dans 2001, Odyssée de l’espace, mais… L’explosion de ces IA a été encouragée par le théorème de Tao, une démonstration scientifique prouvant que les IA ne prendront jamais conscience d’elles-mêmes. C’est pas Terminator ici. Pourtant, les IA dialoguent entre elles, s’étant même inventé une salutation. Quand l’une d’elles est confrontée à un problème ou une question compliquée, elle se retire pour soumettre le cas à ses pairs.

Des complotistes anti-progrès
Evidemment, peut-il exister une dystopie sans mouvement de résistance ? Ici, un mouvement anti-science proche d’une secte farouchement opposé aux IA et à la conquete spatiale. Déjà parce qu’à trop fureter dans l’espace, on ne sait pas sur qui on risque de tomber et à qui on pourrait montrer le chemin pour la Terre. Ce mouvement, appelé Bernanos, est à la limite du complotisme et n’hésite pas à commettre des attentats pour empêcher ce progrès dont ils ont peur. A tort ou à raison car malgré toute leur paranoïa, quelques questions semblent dignes d’intérêt.

Une écriture maline
L’écriture de cette trilogie baryonique est soignée. Je ne suis pas extrêmement calée en physique quantique, euphémisme, mais les différentes technologies sont plutôt bien expliquées. Il y a également toute une intrigue dans le troisième tome où les personnages doivent résoudre une énigme linguistique, une sorte de décodage, et j’ai adoré. C’est un bon exemple de l’écriture de cette trilogie. Pierre Raufast vulgarise des notions scientifiques, souvent à travers des dialogues, pour nous donner les outils dont nous aurons besoin pour comprendre ce qu’il va se passer.

Une belle découverte
Alors est-ce que j’ai aimé cette trilogie baryonique ? Je pense que la réponse ne vous surprendra pas mais oui, beaucoup. Les personnages sont bien écrits, sympathiques. Surtout Slow, petit génie qui, pour une fois, est capable d’empathie, ce qui change des personnages du genre. Beaucoup d’élments ont été lus par ailleurs, oui, mais l’ensemble est harmonieux. La trilogie se termine avec la promesse d’une suite et j’ai hate de m’y plonger car le volume 3 ouvre beaucoup de portes et j’aimerais savoir ce que l’auteur a prévu de mettre derrière. Et à propos de physique quantique et de hard science dans la littérature, la semaine prochaine, on va s’attaquer à une saga qui mêle dystopie, utopie et physique quantique.
1 thought on “La trilogie baryonique, un space opera français”