Il est assez probable que vous ayez entendu parler du Problème à trois corps l’an dernier avec l’adaptation à succès diffusée sur Netflix. Et bien ce n’est pas d’elle dont je veux vous parler. Mais de la trilogie Le problème à trois corps. Et plus précisément les tomes 2 et 3, à savoir La forêt sombre et La mort immortelle. Car dans ces romans, Liu Cixin profite de l’hibernation de ces héros pour imaginer différentes organisations humaines. Certaines frôlant même l’utopie. Et j’avais envie de parler un peu de ça.
Une épopée techno-scientifique
Le problème à trois corps n’est pas une dystopie, ou une utopie, à proprement parler. On est plus sur une épopée techno-scientifique. Beaucoup de hard science, de la recherche de nouvelles technologie et un côté space opera avec des batailles spatiales. Il y a des extraterrestres aussi. Des civilisations lointaines plus ou moins hostiles, des univers en 2 ou 4D, des mini univers quantiques… S’étalant sur trois tomes de taille conséquentes, cette histoire peut donc proposer beaucoup de choses. Surtout que les personnages que l’on suit vont régulièrement passer en hibernation et nous permettre de faire des sauts dans le futur. Si le fil rouge reste la menace des extraterrestres Trisolariens, appelés Santi dans la série, Liu Cixin soigne ses toiles de fond. Parenthèse : le changement de noms des Aliens dans la série indiquent très clairement une volonté de déifier les extraterrestres… Niveau non respect du matériel de base, ça se pose là. Bref.
Un réveil deux cents ans plus tard
Si le premier tome se passe dans une période très proche de la nôtre, les tomes 2 et 3 vont se projeter plus loin. Dans ce deuxième tome, nous faisons la connaissance de Luo Ji, astronome sociologue qui sera nommé Colmateur par l’ONU. Suite à quelques péripéties, Luo Ji part en hibernation. Il se réveille deux cents ans plus tard dans une société radicalement différente. Il va apprendre le parcours de l’Humanité sur ces deux cents ans. Et autant vous dire que pour une amoureuse des systèmes comme moi, ce fut mon passage préféré.
Une Humanité en panique
Donc Luo Ji s’endort, l’Humanité sait que les Trisolariens sont en route. Dans le roman, il y a des preuves physiques de leur périple, le doute n’est pas permis. On sait également qu’il y a des intellectrons, des neutrons intelligents, partout sur la planète. L’Humanité est en panique. Non seulement une horde de vaisseaux spatiaux remplis d’extraterrestres envahisseurs à la technologie avancée se ramènent mais en plus, les progrès technologiques humains sont bloqués par les intellectrons. La guerre est perdue d’avance. Bon, j’ai déjà souligné que je trouvais étrange que l’Humanité panique à ce point pour une menace qui arrivera quatre siècles plus tard, surtout quand on voit la réaction de cette même Humanité face à la menace réelle et immédiate du réchauffement climatique. On a beau se prendre une suite incessante de catastrophes naturelles sur la tronche, personne n’est prêt à changer quoi que ce soit à son mode de vie…
Tout sacrifier pour gagner la guerre
Toujours est-il que dans Le problème à trois corps, l’Humanité, sans doute traumatisée par Independence Day, panique. On entre dans une ère de violent désespoir où l’Humanité investit toute son énergie dans la militarisation de la planète. Causant un effondrement écologique sans précédent, la surface de la Terre est désertifiée et la population mondiale chute à trois milliards d’individus. Ah, finalement, Liu Cixin a parfaitement conscience que l’Humanité n’en a rien à faire de l’écologie, je n’ai rien dit. Cette période, appelée Le grand ravin, ainsi que le plan de l’un des Colmateurs est intéressante car elle est typique de ces dystopies où un pouvoir politique et/ou militaire est prêt à tout sacrifier pour la victoire. S’accrochant à un dogme initial, les forces dirigeantes se foutent de sacrifier le peuple qu’elles sont censées protéger.
Des immeubles arbres
Mais l’Humanité va mieux, grâce à la maitrise de la production d’énergie par fusion nucléaire et en plus, ça n’a pas l’air d’être la grande forme coté Trisolarien. Bref, la peur a changé de camp et l’Humanité s’est reprise en main. Vivant désormais sous terre dans d’immenses cités avec des immeubles en forme d’arbre. J’avoue avoir particulièrement aimé cette partie de la trilogie, le coté cité futuriste avec toute une floppée de véhicules volants, des fringues aux motifs changeants, des écrans intégrés à chaque surface. Ca fleure tellement bon les cités futuristes telles qu’on aime les représenter. Par contre, ici, il y a un ciel. Artificiel, certes, mais qui simule très bien le vrai.
Une fédération dans l’espace
En parallèle, on apprend qu’il existe désormais deux grandes entités politiques : les Terriens et une fédération spatiale qui vit sa vie dans l’espace. La collaboration se passe cependant bien. Car c’est aussi une des hypothèses de Liu Cixin : à partir du moment où il existe un ennemi commun, l’Humanité se serre les coudes pour lutter contre celui-ci. La préservation de l’Humanité est si cruciale qu’elle justifie tout. Ainsi dans le troisième tome, l’Humanité s’est cachée derrière les planètes géantes du système solaire dans des cités spatiales. Ca aussi, c’est cadeau pour les amoureux de SF. Une des cités a un projet qui peut menacer la survie de l’Humanité et on frôle la guerre.
Une myriade de systèmes
Bref, Le problème à trois corps est riche en systèmes variés, des Humains aux Trisolariens en passant par des sociétés autonomes au coeur de vaisseaux spatiaux. Si la forme semble parfois pensée pour faire plaisir aux lecteurs amoureux de science-fiction, j’aime vraiment la succession d’événement qui fait naître tel ou tel système. On est ici dans la quintessence des dystopies systémiques : comment tel système a été mis en place, quelles sont ses règles ? Un peu comme dans The Walking dead où la découverte de petites communautés permet d’imaginer différents systèmes. Mais surtout, avec le système d’hibernation, on a le droit de suivre l’évolution de ces systèmes sur un temps long. Alors oui, je vous encourage à lire Le problème à trois corps et ses suites. Bon, c’est vraiment volumineux (deux volumes de 800 pages, un de 900, de mémoire) mais c’est si riche…
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