Confinement oblige, je passe pas mal de temps à la cuisine parce que le confinement, parce que mon mec a plus de taf que moi. Et ce que j’aime bien, quand je trafique en cuisine, c’est écouter un petit livre audio. Sélectionnant en priorité des dystopies pour nourrir ce modeste blog. En fouillant le catalogue d’Audible, je suis tombée sur Abri 19 de Myriam Caillonneau. Une dystopie confinée, voilà qui est d’actualité !
Sauver le gratin de la nation
L’histoire : dans un futur proche, un étrange brouillard recouvre le globe. L’air devenant irrespirable, le Président américain décide de sélectionner la crème de la crème américaine et confine tout ce petit monde dans des bunkers. Oui, c’est encore une dystopie confinée. L’action débute onze plus tard dans l’abri 19 où on découvre Liam, jeune adulte d’une vingtaine d’années. Une explosion a lieu dans le bunker et sa soeur est grièvement blessée. Après une opération pour lui ôter la rate, le conseil décide de ne pas lui donner d’antibiotique, la ressource étant trop précieuse. Liam décide donc de voler le médicament avec l’aide de ses amis… et se retrouvé expulsé du bunker.
Survie au milieu du brouillard
Il va devoir donc vivre dehors et en fait, on découvre que l’air est à peu près respirable. Mais le brouillard est très épais, le soleil ne passe plus et Liam est quelque peu désorienté. On rentre dans la partie “The walking dead” où la solitude et la débrouillardise s’achève quand Liam est fait prisonnier. On va découvrir peu à peu des groupes de survivants, plus ou moins organisés, notamment la Meute qui attaque les abris les uns après les autres. Mais le vrai ennemi est ailleurs.
Une dystopie foutraque
Ce roman est un peu difficile à décrire. C’est un vrai patchwork qui puise ses inspirations un peu à droite, à gauche . La partie abri m’a fait penser au dernier volume de Hunger Games (secteur 13), il y a toute la partie survie en milieu hostile très The walking dead avec des violeurs et des cannibales et ça se finit plus ou moins comme la guerre des mondes avec quelques éléments de The man of steel. Y a un bout de Divergente aussi, la chef de l’abri 19 s’appelle Janine, quelle coïncidence…Et puis Mist de Stephen King, bien évidemment. Et quelques ingrédients de films catastrophe genre le scientifique que personne n’écoute. Du coup, je m’interroge un peu sur le propos du roman.
Un écrit politique ?
Une dystopie, plus que n’importe quel autre genre, me paraît toujours être un pamphlet plus ou moins politique. Normalement, il y a une dénonciation de quelque chose. Ca peut être un peu naïf, un peu manichéen comme dans La sélection qui, sous couvert d’une histoire façon Bachelor, l’autrice parle d’une dynastie tyrannique, d’un système injuste et déterministe. On peut y trouver un manque de nuance, j’ai aucun souci avec ça. Mais là, je suis un peu plus embêtée. Il y a des choses : l’injustice de l’attribution des ressources du bunker, le conseil un peu ivre de son pouvoir, l’homme qui est un loup pour l’homme. La meute, aussi, sorte de rébellion face aux puissants qui se sont terrés dans les bunkers. Il y a tous ces éléments.
Pas de profondeur
Sauf qu’à la fin, on part dans du pur post-apo qui me donne la sensation d’avoir copié-collé des bouts de fictions à droite, à gauche. C’est pas désagréable à lire, j’ai passé un plutôt bon moment. Ca m’a même amusée de voir que ça partait loin, loin, loin. En ces temps confinés, c’est un roman tout à fait correct pour s’échapper quelques heures même si, in fine, le héros est vite déconfiné. Mais par contre, dans le grand tableau du genre dystopique, c’est un peu difficile de lui donner de la profondeur.
Un dystopie juste pour divertir ?
Mais peut-être que dans cette histoire, c’est surtout moi qui donne trop de valeur aux dystopies ? Je n’écris pas cet article juste pour dire “ouais, y a ça, ça fait penser le temps, bisous”. Je considère les dystopies comme des lanceurs d’alerte et aussi des témoins des préoccupations de leur temps. Mais notre temps, c’est aussi certaines productions de divertissement pur qui n’ont aucune autre vocation que de nous faire passer le temps agréablement. En écoutant Abri 19, j’ai surtout ressenti une autrice qui s’était plus ou moins inspirée d’oeuvres diverses et variées pour créer sa propre histoire et qui avait pris du plaisir à le faire. Et ça reste une bonne raison d’écrire un roman.
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