Leila : parce que le droit des femmes est toujours menacé

Dans un futur dystopique, l’Inde a basculé dans le fascisme. Dans cet univers cauchemardesque, Shalini cherche sa fille Leila.

Il est des fois où l’actualité sonne comme une terrible dystopie. Alors que la suppression du droit à l’avortement dans certains Etats américains nous fait douloureusement penser à The Handmaid’s tale, j’ai eu envie de vous parler d’une dystopie proche du sujet. Il est également question de femmes qui perdent tous leurs droits dans une Inde ravagée par la soif. Encore une résonnance troublante avec l’actualité. Je vais vous parler de Leila.

Leila, une dystopie indienne disponible sur Netflix

Chute d’une jeune bourgeoise en dictature

Dans un futur proche, l’Inde a basculé dans un régime fasciste. Shalini est une jeune bourgeoise fortunée résidant dans la ville-Etat de Aryavarta. Dans les premières scènes, on la voit parfaitement heureuse avec son époux et leur fille, Leila. Cependant, on entrevoit les problèmes sous-jacents à cette société, notamment les pénuries d’eau. Alors que Shalini regarde son mari et sa fille s’ébattre dans leur piscine, un commando fort violent apparaît et embarque Shalini puis tue son mari. Leur crime ? Officiellement, avoir rempli leur piscine en tant de pénurie mais surtout leur mariage mixte. Car le mari de Shalini est musulman. Shalini vit donc en captivité pendant deux ans dans une sorte de couvent. Mais à la faveur d’un incident, elle va pouvoir s’enfuir et tenter de retrouver Leila.

Roop et Shalini dans Leila

Une société de caste avec un mur et de la technologie

Les (més)aventures de Shalini vont l’amener à fréquenter différentes castes de cette nouvelle société Indienne. Des plus pauvres aux plus fortunées, chaque péripétie sera l’occasion de nous expliquer un peu plus les rouages d’Aryavarta. On va rapidement reconnaître quelques éléments classiques de dystopie : un tatouage d’identification à scanner à des points de passage (Un bonheur insoutenable), un mur qui sépare les fortunés des “impurs” (Trepalium ou L’autre côté). Car cette dystopie a le mérite de reposer sur une vision proche de la sociologie de l’Inde avec tout un système de caste. Shalini va, par exemple, côtoyer une petite fille, Roop, une impure. Leurs interactions vont nous en apprendre beaucoup sur ces hiérarchies sociales. Roop refuse de boire avant Shalini dans un contenant qu’elles se partagent pour ne pas la contaminer. Les impurs sont régulièrement privés d’eau. Shalini, quand elle est riche, sermonne sa servante, impure, qui embrasse sa fille “à même la peau”. Reproche qui sera fait ensuite à Shalini quand celle-ci se retrouvera au service d’une riche famille.

Leila, de bourgeoise à servante, une dystopie indienne

Un univers très dense

Leila propose un univers dense. On a la question du fascisme obscurantiste. Une scène nous présente une destruction du Taj Mahal par un des membres éminent d’Aryavarta qui exulte lors des premières explosions. On a la question écologique avec la rareté croissante de l’eau qui est un sujet sous-jacent durant la série. On a quelques fantaisies technologiques aussi avec les fameux écrans transparents et présentations holographiques ainsi que le projet d’une ville-dôme. Ma petite marotte à moi. Si on est assez éloigné de The handmaid’s tale puisque les prisonnières qui servent dans les familles bourgeoises ne sont pas des ventres, la question des enfants est cependant présente. Pendant que Shalini recherche Leila, on apprend que les enfants des familles mixtes arrêtées sont donnés en adoption à de riches familles bourgeoises. 

Leila, une dystopie indienne

Trop de thèmes en si peu d’épisodes ?

A lister ainsi les différents sujets abordés dans Leila, on peut avoir la sensation d’une oeuvre un peu trop dense, d’autant que la série ne dure que six épisodes pour le moment. Je n’ai pas lu le roman dont la série s’inspire donc je ne sais pas si les thèmes y sont aussi variés. On se perd parfois dans cet univers, on peut perdre de vue certains sujets. Il y a également le réseau de résistance, les réseaux d’entraide, la sororité. Mais l’angle adopté est intéressant. Tout au long de la série, Shalini n’a qu’un but : retrouver sa fille. Dégradée de riche bourgeoise à simple servante, elle ne semble pas particulièrement s’intéresser au système d’Aryavarta. Même, elle est souvent présentée en début de série comme un membre zélé de la société. Elle joue le jeu pour sauver sa fille. Son arrivée dans la résistance est purement fortuite. Ce qui en fait un parfait lapin blanc.

Leila, une dystopie dans une Inde fasciste

Une sortie discrète

La sortie de Leila sur la plateforme Netflix s’est faite assez discrètement. Je n’ai pas souvenir que cette série m’ait été poussée alors que je consomme énormément de dystopies et assimilé. Je ne peux que vous recommander cette série, assez courte. Mais qui résonne tellement fort avec les actualités. Je considère souvent que les auteurs et autrices de Dystopie écrivent avant tout pour prévenir d’éventuels dérives de la société. Leila est un élève particulièrement appliqué sur le sujet.  

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