Le futur technologique ne sera pas spirituel

Alors que je me promène tranquillement dans les grandes thématiques du genre dystopique, j’en croise une qui ne va pas être facile à traiter. A savoir la religion et tout ce qui a trait au spirituel. Avez-vous remarqué comment, globalement, dans les représentations d’une société plus évoluée, la religion s’efface ? Comme si technologie et spirituel ne pouvaient pas cohabiter… Constat assez pertinent, pour le coup. Essayons de disséquer un peu tout ça.

L'église du futur, le spirituel néon

La technologie rend la foi obsolète

La cohabitation impossible entre hyper technologie et religion est analysé froidement dans Altered Carbon (le roman, pas la série). Quand l’humanité découvre qu’il y a une vie sur d’autres planètes, le mythe de la création s’effondre. Et surtout, comment croire à une vie spirituelle éternelle dans une société où la mort n’existe plus ? C’est souvent le principe des dystopies à haute technologie. Il n’y a plus besoin de Dieu car il n’y a plus de mystère. Plus besoin de foi puisqu’il n’y a plus de péril. Les maladies se guérissent et les vies se rallongent… Ou se terminent à une date précise dans la félicité, dans le but de réguler la société. C’est le cas d’Un bonheur insoutenable ou Le passeur, par exemple. Dieu n’a plus rien à décider, l’Humain est aux manettes. Il créé même des créatures plus vraies de nature, développant peu à peu des sentiments et une conscience du soi. Comme dans Better than Us, Terminator 2 ou encore West world. West world, c’est la métaphore de la création à l’état brut. Bernard est leur père, leur Dieu.

Bernard dans West World, le spirituel chez les robots

La société a fourni des ersatz

Il n’y a plus besoin de religion car il en existe des ersatz. La télé, par exemple, j’ai déjà parlé de l’aspect cérémonie et communion devant le petit écran. Certains présentateurs télé ont tout de prêtres ou prétresses. Dans Black Mirror, le jury de l’effroyable télé-réalité de la saison 01 décident du destin des candidats. Une jeune fille qui se rêvait chanteuse se retrouve propulsée dans le porno. Le jeune homme qui voulait se révolter se retrouve propulsé par ce même trio dans un rôle qu’il n’avait jamais prétendu vouloir occuper. Mais également un pouvoir autoritaire fort qui fait de ses figures de véritables Dieux ou déesse. Dans 1984, Big Brother dicte sa loi et est devenu une représentation du pouvoir potentiellement immortelle. La même ficelle d’une figure d’autorité privée d’un corps se retrouve dans la série Snowpiercer avec M. Wilford. Cette idée d’un dirigeant de droit divin n’a pas été inventé par les dystopies. Regardez notre ancienne monarchie de rois thaumaturges.

Les rois Thaumaturges, le pouvoir spirituel

Dieu ou superpouvoir ?

De la même façon, il est difficile de croire encore en un Dieu dans un univers peuplé de héros ou mutants aux pouvoirs dépassant l’entendement. Par exemple dans la saga des Puissants que je suis en train de lire… Ou évidemment tout l’univers des super-héros qui s’approche pas mal des dystopies sur leur thématique. Notamment la démocratie et les possibles dérives fascistes. Il y a aussi une évolution des blasphèmes où le nom de Dieu est remplacé par le nom d’un fondateur. Comme dans Mécaniques Fatales où ils jurent tous sur Neuneu, le fondateur de la ville mobile de Londres.

Mortal Engines

Les nouveaux cultes

Evidemment, certaines dystopies prennent le contrepied et nous proposent des sociétés basées sur la religion. Une version cauchemardesque et intolérante et évidemment, ce sont les femmes et les homosexuel·le·s qui trinquent. Je parle évidemment de The handmaid’s tales et son avatar, Vox. La religion est également un ingrédient très fort des univers post-apos. Mais vraiment très post-apos. Quand on a oublié le temps présent et qu’on se met à vénérer un peu tout et n’importe quoi. Qu’on a réinventé des rites correspondant à la nouvelle donne. Comme Cloud Atlas où Sonmi, la serveuse clone, devient une Déesse dans un univers post-apo. Les écrivains aiment parfois reprendre des objets de notre quotidien pour des objets de culte. Un exemple pas du tout dystopique mais très parlant pour ceux qui connaissent : Les dieux sont tombés sur la tête avec la bouteille de coca tombée du ciel. La naissance des religions post apo est une astuce assez efficace pour poser les règles du nouvel univers. On croit à ceci ou cela en fonction de la donne du nouvel univers.

Sonmi dans Cloud Atlas

Une absence signifiante… ?

Finalement, l’absence des religions dans une dystopie est souvent plus signifiant que leur présence. Que les églises soient devenus des bâtiments sans réelle utilité au point où une jeune fleuriste peut y cultiver ses botules en toute décontraction nous renseigne. On est dans un univers qui n’a plus besoin de cet opium du peuple là pour vivre en toute quiétude. Mais ce n’est jamais vraiment posé comme un drame, une perte d’humanité, contrairement à pas mal d’évolutions. Est-ce que les auteurs de dystopies sont majoritairement athées, omettant involontairement d’intégrer un ingrédient absent de leur vie ? Ou il semble évident que religion et évolutions technologiques ne peuvent pas aller de pair ? Une vraie question à laquelle je n’ai pas de réponse. 

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