Arco, l’utopie arc-en-ciel 

Dans Arco, nous découvrons deux futurs dont une douce utopie. Une aventure touchante et enlevée idéale pour toute la famille.

Ah, une utopie ! C’est assez rare par ici. Il faut dire que si j’en lis plus, je suis parfois assez embêtée pour trouver quoi vous raconter. J’ai par exemple lu Les essaims de Chloé Chevalier et L’espace d’un an de Becky Chambers. Autant j’ai eu plaisir à lire ces deux romans, autant j’ai la sensation que je n’ai pas une vie assez étendue de ces univers pour en parler maintenant. J’ai également commencé l’anthologie solar punk française et j’ai du mal à poursuivre. Bref, les utopies, c’est un genre qui m’intrigue mais que je dompte mal. Et puis, l’autre jour, en regardant la vidéo de Bolchegeek sur le solar punk, je découvre les images d’un film d’animation qui a l’air très intrigant et qui dort “bientôt” : Arco. Direction le ciné pour aller voir ça.

Arco, le petit garçon arc-en-ciel flotte dans les airs

L’histoire. Arco est un petit garçon facétieux qui vit dans un futur certainement lointain. La vie a l’air douce dans cette étrange ville située dans les nuages, soutenue par d’immenses pylônes. Chaque plateforme accueille une maison ronde occupée par une famille qui cultive son propre potager. Alors qu’Arco cueille les légumes du jardin, il est survolé par des arcs-en-ciel qui font des loopings. Quoi ? Ah, ce sont les parents d’Arco et sa soeur qui rentrent d’expédition avec leur belle cape arc-en-ciel.

Les arcs en ciel atterrissent

De retour, le trop raconte son expédition. Ils ont trouvé une fougère garnie de graines et ont croisé des dinosaures. Alors j’ai bien compris que le monde qui nous est présenté a vécu quelques bouleversements par rapport au nôtre. Mais des dinosaures ? Des animaux qui passionnent Arco et qu’il rêve de découvrir. Mais il est trop jeune pour voler. Alors, au petit matin, il vole la combinaison de sa soeur et tente son premier vol. Qui se termine avec fracas dans une forêt sous les yeux d’Iris, une jeune fille facétieuse qui s’ennuie. Ah mais y a des gens qui vivent au sol ?

Arco vole devant Iris

On va très vite apprendre qu’Arco vient en fait du futur et que la combinaison arc-en-ciel fonctionne grâce à la disfraction de la lumière  opérée par un diamant qu’ils se placent sur le front. D’ailleurs, les arcs-en-ciel sont des traves du voyageurs du futur. Quand Arco atterrit en 2075, à l’époque d’Iris, il a opéré un voyage dans le passé. Le film va donc nous proposer deux futurs. D’un côté, la parfaite utopie dans laquelle Arco est née. On ne saura pas grand chose de cette société, à dire vrai. Nous ne rencontrons aucun autre habitant, j’ai eu la sensation que la famille d’Arco vivait en autarcie, comme toutes les autres familles. Ce qui est vrai pour Arco puisqu’il ne semble pas exister de moyen “terrestre” pour naviguer d’une plateforme à une autre donc tant qu’il ne vole pas, je doute qu’il puisse croiser qui que ce soit.

Arco, me êtot garçon qui vit dans une cité dans les nuages

Si on ne sait pas grand chose de cet univers très futuriste, le peu qu’on en voie fait quand même furieusement envie. Des maisons toutes rondes entourées de luxuriants jardins, les lits sont des sortes de bulles sans gravité où tout le monde flotte paisiblement… Oh oui, je pense que j’aimerais ça. Bon, je ne comprend pas pourquoi tout le monde est habillé en pyjama version grenouillère mais ok. Mmm, ça me dit quelque chose cette histoire de pyjama grenouillère mais je ne situe pas…

La maison toute ronde d'Arco

Passons maintenant à Iris et sa vie en 2075. On découvre sa ville lors d’un violent orage. Ok, on comprend qu’on va nous parler de dérèglement climatique. Rassurez-vous, Iris et son petit frère Peter sont en parfaite sécurité. En cas d’intempérie, les maisons sont encerclées par des dômes. On voit donc des habitants se faire un petit barbec’ entre amis ou… arroser leur jardin tranquillement alors que c’est le déluge de l’autre côté de la paroi du dôme. J’avoue, la dame qui arrose son jardin à ce moment-là m’a bien fait rire. Même si tout le monde est bien à l’abri, Peter a peur de l’orage. Heureusement, Mikki le robot qui élève les enfants pendant que leurs parents sont loin, veille au grain. On découvre alors le quotidien de la petite famille : les parents absents car “ils travaillent” mais qui se baladent dans la maison grâce à de petits robots qui diffusent leur hologramme. Les hologrammes sont d’ailleurs furieusement tendance en 2075 puisque dans l’entrée, on en voit un qui diffuse… un bouquet de fleurs. Pourquoi pas. Bref, le robot réalise tous les gestes du quotidien que les parents, trop loin, ne peuvent effectuer, comme le ménage, la cuisine, etc.

Une famille du futur avec des parents hologrammes

Arrêtons nous deux secondes sur Mikki car… je connais ce design de robot. J’ai lu une BD où il était dessiné comme ça. Quand j’ai découvert l’existence d’Arco, j’ai remarqué le nom du réalisateur, Ugo Bienvenu. Je savais que je l’avais déjà croisé mais impossible de me rappeler où. Et c’est en découvrant Mikki que tout se remet en place. J’avais lu sa BD, Préférence Système avec un robot identique qui s’appelait également Mikki et une petite fille en pyjama grenouillère. J’ai remis les pièces du puzzle pendant le film et pendant quelques minutes, j’ai eu peur. Je n’avais pas aimé Préférence Système car je l’avais trouvé bêtement réac. “Oh non, on va effacer 2001 Odyssée de l’espace de tous les clouds pour pouvoir stocker les selfies de Tiffany_56”. Mais pour le coup, Arco n’a pas du tout cette dimension là. Si Mikki, décrit par Iris comme “un vieux modèle”, pourrait être le même Mikki de la BD Préférence Système, ici, il n’est absolument pas question de tout ça. Ici on parle un peu d’écologie mais surtout de ce qui nous rend humain avec un supplément aventure vraiment sympa.

Mikki soigne Arco

Revenons donc à 2075. Le déluge que les personnages vivent n’est absolument pas un événement. Le lendemain, on voit Iris aller à l’école sur son petit scooter tout rond, embarquant son voisin avec elle. Sur la route, on voit les robots remettre la ville en état. Les enfants remarquent la voiture d’un voisin dans un arbre et commentent laconiquement d’un “oh, il doit être dégoûté”. Mais il n’y a là rien qui paraisse extraordinaire au yeux des enfants. On découvre ensuite une journée de classe type. Les cours sont donnés par des robots avec des projections immersives au mur. Ainsi, pour le cours sur l’univers, les enfants sont entourés de l’Univers littéralement. On découvrira plus tard que tous les cours se déroulent ainsi. Mais Iris s’ennuie et prétend un mal de tête pour pouvoir sortir. Attends, Iris tu sais combien les gens paient pour aller au Futuroscope afin de vivre la même expérience que toi ? Comprenez que, moi-même, j’étais bien jalouse de la jeune fille.

Là, par exemple, c’est une salle de classe sur les dinosaures

Pendant le film qui s’étend sur environ trois jours de la vie d’Iris, on découvre donc que le monde va mal. Suite au déluge, la forêt située à l’orée de la ville prend feu. Si Arco est réticent à parler du futur à Iris car elle n’est pas censée le connaître, il finit par lui apprendre que l’Humanité a décidé de s’installer sur les hauteurs pour permettre “La grande jachère”, c’est à dire de laisser les plaines se reposer. D’abord juchée en montagne, l’Humanité va continuer à viser plus haut, jusqu’à ces villes-plateformes dans lequel le petit garçon est né. 

Arco, Iris et Peter

La société de 2075 présente cependant quelques incongruités que j’ai eu un peu de mal à m’expliquer. D’abord l’univers du travail. Dans la ville d’Iris, on découvre que tous les services de la ville sont gérés par des robots. Les professeurs, les pompiers, les policiers, les nounous… Que des robots. Le seul être humain que l’on voit bosser est le concierge de l’école. Plus pour des raisons scénaristiques que de cohérence de l’Univers. Les parents d’Iris travaillent mais à quoi ? Le petit voisin ne semble pas avoir de parents à domicile. Quand Iris et Arco s’enfuient de la maison alors qu’un incendie fait rage, déclenchant un confinement, le petit voisin les suit sans que personne n’ait l’air de se rendre compte qu’il a fugué. Alors qu’Iris et Arco sont recherchés par toute la police de la ville. Il y a cependant des adultes dans cette ville, on en voit régulièrement même s’ils n’interagissent pas avec les enfants. Donc quel travail reste accompli par les Humains ? Je ne sais pas. Surtout que dans une conversation entre Iris et Arco, elle a l’air très étonnée d’apprendre que sa famille cultive des légumes et les cuisine, des tâches qu’elle estime dévolues aux robots.

Mikki soigne Arco

Autre point incongru qui m’a vraiment interrogée… Les poteaux électriques. Des poteaux électriques plutôt en bois, que l’on voit notamment malmenés lors du déluge. J’ai vraiment bugué là-dessus car aujourd’hui, il existe de moins en moins de poteaux électriques aériens. Pour des raisons évidentes de tempêtes de plus en plus fréquentes, justement. Alors on pourrait se dire que c’est juste un effet de dessin. Sauf qu’il est question des fameux poteaux lors d’une conversation entre Arco et Iris puisqu’il lui demande à quoi ils servent. Poteaux qui seront d’ailleurs abîmés lors de la tempête du début du film, on verra les robots bosser dessus. Ca m’a amusée ce côté “fragile” alors qu’on parle de maison sous des dômes qui ne craignent plus ni le feu, ni le déluge.

Iris et Arthur traversent la ville

Evidemment, puisque je connais un peu le travail d’Ugo Bienvenu, je vais citer la thématique des rapports familiaux. Dans Préférence Système, le couple de héros attend un heureux événement, un enfant qui grandit ex vivo dans une capsule intégrée au buste de Mikki. Dans Préférence Système comme dans Arco, Mikki occupe pleinement le rôle de parent qui élève. Celui qui nourrit, lave, éduque, donne des règles et fait en sorte qu’elles soient appliquées. D’ailleurs, à un moment, on découvre un mur de photos dans la chambre d’Iris où on la voit grandir avec le robot… et l’hologramme de ses parents. En opposition avec Arco qui grandit donc dans une cellule familiale très soudée. On découvrira d’ailleurs que, dès que sa famille s’aperçoit de sa disparition, elle va ardemment le chercher à travers le temps et l’espace.

Mikki dans les flammes

Bref, Arco imagine des futurs doux-amers où, finalement, survit ce qui fait de nous des Humains : le lien. Familial pour l’essentiel, on aura comme antagoniste trois frères très hauts en couleur, par exemple. Mais la famille n’est pas qu’une histoire de sang, en témoigne le fort attachement d’Iris à Mikki. Mais aussi le lien qui se crée entre Arco et Iris. Il y a la famille de sang et celle que l’on se crée. Le film nous propose rien de moins qu’une fable poétique pleine d’aventure et qui n’est pas avare en ressort comique. Contrairement à Préférence système que je trouvais un peu trop manichéen dans sa vision d’une société dystopique, ici, Ugo Bienvenu nous offre mille nuances. Il n’y a finalement pas de méchants, pas de système à combattre. Juste une Humanité qui compose avec son environnement comme elle peut. A noter un passage dans le Gouffre de Padirac. Même s’il n’est pas nommé, ceux qui y sont déjà allés sauront. Et si vous n’y êtes jamais allés, je conseille. 

Le gouffre de Padirac dans Arco

Oui, j’ai aimé Arco, vraiment. Je le conseille sans retenue pour un divertissement familial qui pourra toucher les plus jeunes par son côté aventure et les plus grands pour sa vision en demi-teinte d’un avenir où l’Humanité survit comme elle peut. Evidemment, qui dit voyage dans le temps dit influence du futur sur le présent mais ça, je laisse découvrir. Y étant allée jeudi, soit pendant les vacances scolaires, j’avais quelques enfants dans la salle en même temps et ils ont bien rigolé. Donc vraiment, n’hésitez pas à y amener vos petits. A partir de 6 à 8 ans, je dirais. Il n’est jamais trop tôt pour découvrir une belle aventure.

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