Virtual Revolution, la dystopie virtuelle

Une dystopie petit budget made in France ? C’est Virtual Revolution. Un univers virtuel où se refuge 80% de l’Humanité, ça fait peur… ?

Parfois, on tombe par hasard sur un film qui semble fait pour nous. Une dystopie parlant de mondes virtuels. Un film français qui nous présente un Paris futuriste. Ah oui, j’aime bien ça, moi, imaginer un Paris de demain, façon Arès ou Osmosis. Découvrant donc un peu par hasard Virtual Revolution, je me dis que ça vaut le coup de s’y arrêter cinq minutes. Et me voici partie à la découverte d’un objet filmique plutôt étrange.

Virtual Revolution, affiche

L’histoire. En 2047, l’Humanité ne va pas très bien. Pas de virus mortel, pas de réchauffement climatique qui affame les populations, non. Elle passe juste le plus clair de son temps connectée à un univers virtuel. Parmi les joueurs, on retrouve Nash, un tueur à gages et détective privé qui vit moitié dans son monde virtuel, moitié dans la réalité. Et justement, Nash a une nouvelle mission : un étrange virus vient gangréner l’univers virtuel et tue des joueurs. Tueur en série ou résistance face à la mégacorporation qui crée ces univers virtuels ?

Nash mène l'enquête

On va commencer par le thème le plus évident : les univers virtuels. Et je distribue d’emblée un point positif. Le film n’est pas méprisant vis-à-vis de ces univers-là, ce qui est plutôt rare dans des fictions les mettant en scène. Ils sont certes vus comme quelque chose de potentiellement négatif qui bloque l’Humanité. Mais on y voit quelques bienfaits à travers les yeux de Nash. Bon par contre, on se vautre direct dans le cliché. Car on découvre que Nash joue à une quête d’heroic fantasy où il est un fort chevalier aux côtés d’une archère sexy mais surtout… il est amoureux d’une enchanteresse tout aussi belle et sensuelle. Okay…

Nash et son amour virtuel

Naturellement, un univers virtuel propulsé par  une méga corporation et qui enchaîne l’Humanité dans une certaine dépendance, ça crée des mouvements de résistance. Que Nash va plus ou moins chasser, plus ou moins côtoyer. Ca va nous permettre tout un propos sur ces univers en mode “l’opium du peuple”. Assez peu original si ce n’est que Nash n’est pas tant d’accord avec ça car quand il doit choisir entre détruire le monde virtuel et le sauver, il hésite. Car il y a cette femme qu’il aime, sa confidente. Certains, ici, me diront que c’est pas un monde enviable, ce côté “tout le monde vit tout seule et ne trouve le réconfort que virtuellement avec un avatar derrière qui peut se cacher n’importe qui”. Le coup de l’avatar derrière qui n’importe qui peut se cacher, on l’a eu dans Ready Player One, notamment, avec Aech, un gros molosse joué par une tranquille mère de famille. Mais dans le film, l’amour entre Nash et son enchanteresse est montré comme quelque chose de réel. 

Nash regarde par la fenêtre, triste

Parlons un peu de Paris ou plutôt Néo-Paris. Là, j’ai tiqué. Le film date de 2016 donc imagine un avenir à trente ans. Après s’être déconnecté de son univers virtuel, Nash se lève et ouvre la fenêtre pour nous montrer son Paris. Heu… C’est quoi, ça ? Je veux dire Paris est devenu une copie de Blade Runner. Nuit perpétuelle, immeubles gigantesques, engins volants. On apprend même grâce à la voix off de Nash que la conquête spatiale est bien avancée. Heu ? Depuis quand ? Oui, la technologie fait des bonds de géant depuis l’ère industrielle mais comment, en trente ans, tu crois passer de notre Paris contemporain à ça ? Surtout si 80% de l’Humanité ne vit plus ? Je peste souvent sur le fait que dans les dystopies, le futur est identique au présent à deux ou trois gadgets près. Là, c’est trop. Surtout qu’à un moment, il y a une scène de bagarre sur les quais, sous un pont. Ils ont mis en fond trois loupiotes pour rappeler que c’est le futur mais à ce moment précis, ma suspension consentie de l’incrédulité en a pris un sacré coup.

Paris très futuriste

Parlons maintenant de la méga corporation, dirigée par Dina jouée par Jane Badler. Oui, niveau casting, on n’a pas de grand nom à part elle, pour les nostalgiques de V. D’ailleurs, j’en profite pour relier une super vidéo d’Ecran large sur cette série que j’adorais et que j’ai désormais peur de revoir. Nash est interprété par Mike Dopud qui est plutôt habitué aux rôles de seconds couteaux et qui a tourné à trois reprises pour Uwe Boll. Et dans Rollerball de McTiernan. La seule autre actrice que je connaissais était Melissa Mars. La voyant dans la première scène, je pensais qu’elle serait le rôle féminin principal mais pas du tout. Le casting s’en sort pas si mal même si ça cabotine parfois un peu. Surtout Jane Badler qui semble avoir envie de jouer la cheffe de la corporation en mode Diana. Ici, la méga corporation est exactement ce que l’on attend qu’elle soit : ultra capitaliste et cynique. Le rôle de Dina sert surtout à nous jouer quelques dialogues d’exposition pour nous aider à comprendre le monde dans lequel on évolue.

Dans les bureaux de la mégacorporation

Virtual Revolution a ce côté un peu cheap des films à petit budget mais qui fait preuve d’une certaine inventivité pour compenser. Réalisé par Guy-Roger Duvert, dont j’ai déjà parlé pour son roman Outsphere, je lui trouve un certain charme. Un peu comme 8th Wonderland, film à la limite du cinéma amateur qui proposait, lui aussi, un univers virtuel où des individus échangeaient pour essayer de faire une révolution. Par contre, ici, il ne semble pas que les Résistants soient du bon côté. Le film semble plus prendre le parti de laisser faire les gens. Après tout, s’ils ont choisi l’opium, pourquoi chercher à les libérer ? On touche là un sujet assez intéressant, souvent balayé par les fictions de résistance où le peuple n’est qu’une masse peu définie qu’il faut libérer, qu’elle soit d’accord ou non. Dommage qu’ici, ce soit un peu rushé sur la fin avec cette image en surimpression d’un homme qui a choisi l’amour d’un avatar cliché.

Virtual Revolution, combattants

Bref, Virtual Revolution est un film sympathique, un peu nanar mais on sent la bonne volonté de ceux qui sont aux commandes. Et pour ceux qui seraient intrigués par cet univers mais moyennement motivé à l’idée de voir un film low cost, Guy-Roger Duvert à sorti un roman, Virtual Revolution 2046 ainsi qu’une BD, tous deux préquels du film. Ne les ayant pas lu, je ne les conseille pas formellement mais ça peut être une porte d’entrée pour cet univers là.

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