Mais en très édulcoré quand même. Je vais vous parler de Life like, une dystopie qui a tout d’un téléfilm. Mais du genre de ceux qui étaient diffusés en deuxième partie de soirée. Pour les plus jeunes d’entre vous, j’explique le concept “Hollywood night”. A un moment, le samedi soir, TF1 diffusait des téléfilms un peu épicés. Pas érotiques, juste épicés. Une esthétique un peu particulière, une volonté de souligner le côté torride de l’histoire qu’on va nous raconter. Et bien si Life like était sorti à l’époque d’Hollywood night, vous pouvez être sûr qu’il y aurait été diffusé. Parce qu’aujourd’hui, on va parler d’un couple à la dérive qui reçoit chez lui un robot très sexy.

Un couple à la dérive
L’histoire. James et Sophie, un jeune couple, connaît quelques difficultés. En effet, le père de James vient de mourir et ce dernier reprend la tête de l’entreprise familiale tout en s’installant dans une sorte de manoir qui appartient à la famille. Sophie est très triste de ne plus vivre dans son bel appartement en ville. Errant toute la journée dans le manoir, elle décide de virer tout le personnel car elle n’aime pas avoir des gens à son service. James est fâché car c’est désormais à lui de tondre la pelouse et qu’il a un peu autre chose à faire. Alors un de ses collègues lui parle d’une entreprise qui fournit des androïdes incroyablement réalistes. D’abord réticente, Sophie finit par accepter et voici qu’Henry débarque chez eux.

Ménage à trois
Le problème, c’est qu’Henry est quand même pas mal sexy. Et sensible. D’abord mal à l’aise en sa présence, Sophie apprend à communiquer avec Henry, lui apprenant notamment l’amour de la littérature. Un classique, ça, de mettre un peu de culture dans des fictions pas bien réfléchies. Petit à petit, la jeune femme commence à éprouver des sentiments pour l’androïde qui semble de plus en plus proche d’elle. Sauf qu’elle n’est pas la seule à être troublée. James commence également à avoir quelques rêves érotiques avec le fameux Henry.

Un androïde a-t-il des sentiments ?
Encore une histoire d’androïde plus vrai que nature qui trouble les Humains qui le possèdent ? Ceux-ci se demandant si la machine n’est pas en train de développer certains sentiments humains ? Oui, absolument. On retrouve l’androïde joué par un réel humain de type “physiquement avantagé” comme dans Real Humans ou Better than us. Forcément, l’ambiguïté s’installe vite. Et il y a un certain doute sur le degré d’humanité et de libre-arbitre qui semble animer l’androïde. Est-ce réel ou l’expression de l’envie de l’Humain de voir son androïde devenir “vrai” ?

Les androïdes ressemblent à leur maître
Life like saute à pieds joints dans ce trope, le seul à peu près. Julian, le CEO de l’entreprise qui vend les androïdes se vante du réalisme de ses machines et explique qu’elles ont un système d’apprentissage. En gros, James et Sophie achètent un Henry avec des fonctions de base et celui-ci va évoluer à leurs côtés. Henry va donc commencer à développer un goût pour la littérature mais va aussi se mettre à rêver. Si bien que Sophie ne semble plus sûre de qui elle a face à elle. D’ailleurs, quand Henry l’embrasse au cours d’un massage, elle panique et demande à James de le réinitialiser car le robot est défectueux. Réponse de James : “c’est toi qui lui a appris des trucs qui l’a rendu comme ça”.

Un twist intéressant, quand même
Pour la dernière fantaisie du scénario, la plus intéressante selon moi au regard de la question des androïdes, je vais devoir spoiler donc passez au paragraphe suivant si vous avez envie de regarder le film. Qui a pour seul intérêt de mater les fesses des deux protagonistes mâles. Bref, je disais : alors que la situation devient ingérable chez nos tourtereaux, Julian est appelé et Henry s’échappe de la maison. A partir de là, il sera tout le temps à poil pour une raison qui m’échappe. Le côté Hollywood night. Tout le monde court dans le jardin et Henry est grièvement blessé par Julian. Et le voilà qui saigne ! Plot twist : Henry n’est pas du tout un androïde mais un Humain orphelin qui a été élevé dans l’idée qu’il était un androïde. C’est également le cas de ses petits camarades. Je ?

C’est quoi un Humain ?
Ce twist assez improbable et plutôt mal exécuté revient néanmoins à la question fondamentale de chaque fiction sur les androïdes : c’est quoi être Humain ? Est-ce simplement une question de corps, de chair et de sang ? Est-ce l’âme, cette personnalité parfois stockée dans des ordinateurs pour être réinjectés dans des corps créés à cet effet ou recyclés comme dans le Neuromancien ou Altered Carbon ?

De bonnes idées mais…
En fait Like life est ce genre de dystopie qui m’agace un peu parce qu’il y avait pas mal d’idées intéressantes, notamment autour de l’entreprise de Julian et de l’existence même d’Henry. Le couple un peu troublé par cette personne séduisante, en vrai, bien écrit, j’aurais adhéré aussi. Après tout, l’amour et le désir peuvent être le sujet principal de certaines dystopies. Je pense à Osmosis, Love Corp, La sélection. L’amour est également un ingrédient important dans pas mal de dystopies comme La nuit des temps de Barjavel ou, dans des fictions plus récentes, Another End ou Après tout. Et la majorité des dystopies, l’amour est un moteur pour entrer en résistance. Et j’ai trouvé intéressant d’explorer très rapidement la potentielle bisexualité de James à travers une scène de fellation… très peu explicite, cependant. Après, est-ce que cette dimension légitime le fait que Henry passe le dernier tiers du film le cul à l’air ? Héééé… Disons que c’était tellement absurde que j’ai trouvé ça amusant. Et je crois pas que j’étais censée ressentir ça à ce moment-là.

Un film sans importance
Bref, une dystopie restée confidentielle à sa sortie en 2019 et je comprends pourquoi : quelques vagues bonnes idées ne suffisent pas à faire une bonne histoire. Les personnages sont antipathiques, on se prend la crise du couple en pleine tronche et honnêtement, de James ou Sophie, je n’ai pas réussi à savoir lequel était le plus insupportable. Des acteurices qui s’illustrent dans quelques séries et films dans des seconds rôles. A noter cependant qu’Henry est interprété par Steven Strait que vous connaissez peut-être dans le rôle de James Holden dans The Expanse. Oeuvre sur laquelle il faut vraiment que je me penche car j’aurais plein de choses à écrire dessus.