S’il est une dystopie qui a fortement marqué l’imaginaire activiste, c’est bien V pour Vendetta. Grâce au fameux masque de Guy Fawkes. Ce masque désormais symbole d’activisme dans la vraie vie avec les Anonymous. Le masque très présent également dans la fiction. Dans American Nightmare ou, Mister Robot… Qui s’inspire du mouvement Anonymous donc on se mord un peu la queue. Mais au-delà de l’imagerie ultra-connue de ce masque, V pour Vendetta, ça raconte quoi précisément ?
Un Royaume-Uni fasciste
Dans un Royaume-Uni qui a sombré dans le fascisme, les habitants vivent sous le joug particulièrement autoritaire du Chancelier. Un soir, la jeune Evey décide de braver de couvre-feu. Grand mal lui en prend. Elle est attrapée par la milice du chancelier qui commence à la malmener, les jeunes gens étant particulièrement ravis d’avoir mis la main sur une si jolie fille. Heureusement, un étrange individu masqué débarque et se débarrasse des miliciens en quelques passes. Puis il amène Evey sur un toit pour observer l’explosion du Palais de justice.
Un activisme à forte connotation historique
Le pouvoir est tendu : l’attentat est revendiqué par notre mystérieux individu qui signe V. V pour vendetta. Il explique agir tel Guy Fawkes, un activiste indépendantiste du XVIIe siècle qui avait planifié de faire exploser le parlement britannique. Une figure qui a fortement marqué les imaginaires anglais. D’ailleurs, ils célèbrent chaque année la Guy Fawkes Night où l’effigie de l’activiste est brûlée. Yay ! La police craignant une attaque du Parlement, ils essaient de retrouver V. Mais la seule chose qu’ils trouvent, c’est une vidéo où il parle avec Evey… La jeune femme se retrouve donc impliquée, malgré elle, dans une cause qui la dépasse. Elle nous servira donc de lapin blanc puisqu’à travers elle, nous allons apprendre l’histoire de la naissance de ce Royaume-Uni fasciste et violemment conservateur.
Une entrée en résistance forcée
Alors nous sommes dans une dystopie de lutte contre un tyran assez classique. Un personnage qui n’est pas forcément favorable au pouvoir en place mais qui fait avec se retrouve en contact avec un est .e activiste qui va l’intégrer dans la résistance, de gré ou de force. Oui, l’entrée dans la résistance se fait parfois à l’insu du personnage. Bon sujet d’article, tiens. Ici, ça se fait franchement de force pendant quasiment tout le film. Evey accepte d’abord de collaborer avant de trahir V, choquée ‘apprendre qu’il est à l’origine d’un meurtre. Alors qu’elle s’est réfugiée chez un ami qui est arrêté pour avoir ridiculisé le Chancelier à la télé, V la rattrape… Son histoire avec V se poursuit d’une façon fort violente que je ne dévoilerai pas ici. Histoire de ne pas spoiler.
Une allégorie de la révolte
En réalité, V n’est qu’un vecteur. Jamais nous ne connaîtrons son identité, il est plus ou moins une allégorie de la rébellion. Il guide Evey dans sa prise de conscience des atrocités du régime, il la pousse à agir et non plus seulement soupirer dans son coin que ce régime, il est vraiment pas terrible. En offrant un visage à toute la résistance, ce fameux masque que tous ceux qui se lèvent contre le Chancelier arboreront. Mais V représente aussi la vengeance puisque pendant le film, il va tuer peu à peu les dignitaires du régime qui ont commis des atrocités dans un camp d’internement dans lequel, on le comprendra assez vite, V. a été emprisonné. Alors on résume : un chancelier ivre de pouvoir ne supportant pas la caricature, un régime oppresseur qui s’en prend notamment aux malades et aux homosexuels, des docteurs qui commettent des expériences atroces dans des camps… Oui, la métaphore n’est pas subtile.
Une romance agaçante
Car si ce film offre une imagerie forte à la contestation « de la vraie vie », il n’est pas exempt de défauts. Outre un certain manque de subtilité dans ses métaphores, il y a un point que j’ai vraiment du mal à accepter et qui m’a un peu fait sortir du film : la pseudo relation amoureuse entre Evey et V. Alors oui, tout ça reste bien métaphorique, elle « embrasse », littéralement la cause. Sauf que quand on mate le film, ça pue salement le syndrome de Stockholm. Le film est parfois comparé au Fantôme de l’Opéra, d’ailleurs. Et surtout, ça ne sert à rien. J’admets tout à fait que l’on peut rentrer en résistance par amour, c’est même un ressort souvent utilisé. J’en ai parlé dans mon article sur la jeunesse et j’en ferai peut-être un article un jour si je réunis assez de matière.
Pourquoi parler d’amour ?
Sauf que là, ce n’est plus temps par amour que par prise de conscience qu’Evey rejoint la cause. Alors pourquoi cette amourette ? Déjà, qu’elle soit attachée à lui tout à coup, je trouve ça bancal. Surtout qu’elle ne vit pas particulièrement isolée, elle a des collègues, un ami… Au tout début du film, on nous raconte très brièvement la vie de Guy Fawkes en insistant bien sur le fait qu’il avait une compagne. L’amour, bla bla bla. Autant je trouve le film intéressant sur pas mal de points, autant ce parti-pris sur l’histoire amoureuse, je ne le comprends pas. A moins d’avoir cherché à faire une sorte de copié-collé pas vraiment réfléchi de 1984 ?
Une revisite de 1984 ?
Car oui, je colle ces deux fictions ensemble. Winston travaille à l’écriture de l’histoire officielle, Evey travaille à la télé, média privilégié pour tricoter l’histoire nationale. Le chancelier apparaît toujours via des écrans et apparaît plus comme un archétype de pouvoir, façon Big Brother, que comme un véritable dirigeant. Après, si V veut représenter une masse anonyme, le film nous rappelle à quelques reprises qu’en réalité, c’est un être extraordinaire. Ce qui casse quand même pas mal le propos, je trouve. Mais après tout, n’est-on pas, avant tout, dans un film de vengeance ?
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