Destination Terra, de la nostalgie de la Terre

Dans le manga Destination Terra, l’humanité a dû fuir la Terre. Contrôlée par un ordinateur, elle aimerait retourner sur la planète mère.

Dans les space operas, flotte des fois cette thématique : la nostalgie de la Terre-mère. Terre-mère qui est souvent la Terre, d’ailleurs, notre bonne vieille planète bleue. C’est d’ailleurs le coeur du manga “Destination Terra” de Keiko Takemiya. Dans un futur lointain, l’humanité s’est éparpillée un peu partout dans l’univers et sont régis par un super computer, “Mother”. Des humains dirigés par une intelligence artificielle, qu’est-ce qui pourrait mal se passer ?

Destination Terra de Keiko Takemiya

L’histoire. Dans un futur fort lointain, l’Humanité a dû quitter la Terre, devenue invivable à cause d’une trop forte industrialisation. Les survivants ont créé un gouvernement commun, “Superior Dominion” et doivent se soumettre à l’Universal control, un code de conduite très strict pour éviter de répéter les erreurs du passé. L’objectif, à terme, est de retourner sur Terre quand celle-ci sera redevenue habitable. Notamment grâce à l’action d’un super ordinateur, Grand Mother, et des quelques humains restés sur place dans une cité souterraine.

Jomy dans Destination Terra

Sur la planète des enfants, le jeune Jomy grandit en toute insouciance. Enfant facétieux, il se crée une popularité en racontant ses rêves où il est un soldat de l’espace auprès d’une jolie prophète aveugle. Mais ces rêves épiques inquiètent les adultes ? Et si Jomy était un Mu, un de ces Humains télépathes doués d’une forte sensibilité ? Justement, Jomy fête ses 14 ans et va devoir passer son examen de maturité qui l’arrachera à ses parents. Sauf que lors du fameux passage, Jomy reçoit un message télépathique de Soldier Blue, le soldat de l’espace de son rêve, et s’enfuit. Car oui, Jomy est un Mu, le plus puissant de tous.

Jomy, le leader des Mu.

On va avoir, dans Destination Terra, une thématique très proche de celle d’Un bonheur insoutenable et du Passeur, à savoir le fait “d’anesthésier” la nature humaine des individus, incapables de se comporter correctement. Ici, il faut donc neutraliser les émotions des individus pour qu’ils arrêtent de détruire la planète. Les enfants Mu détectés sont donc purement et simplement éliminés. Insurmontable pour leurs parents ? Non car les mémoires s’effacent. On avait ça dans Community, aussi. Déjà, les foetus se développent in vitro et les enfants sont attribués à deux adultes de façon aléatoire. Ceux-ci les éduqueront jusqu’à leur examen de maturité. Une fois celui-ci passé, les parents récupèrent un nouvel enfant en ayant oublié le précédent et l’adolescent a également la mémoire effacée. Il part sur un vaisseau académie puis on lui attribuera ensuite une fonction soit sur la planète éducative soit dans un des vaisseaux… soit carrément sur Terra.

Ville futuriste dans Destination  Terra

Une société très cadrée, donc, qui semble très joyeuse au premier abord. Alors que les Mu, que nous suivons avec Jomy, sont toujours en proie à de grandes émotions et pleurent beaucoup, les autres Humains sont blagueurs et insouciants. Leurs seules émotions concernent Terra, pour laquelle ils ressentent une sorte d’adoration. Des étudiants un peu plus vieux de l’académie sont d’ailleurs étonnés de voir à quel point l’émotion suscitée à la vue de Terra est forte alors qu’ils n’y sont jamais allés. Une émotion implantée par Grand Mother afin que le retour sur Terre soit un objectif ultime pour tous.

Toward the Terra

Les Humains n’ont qu’une peur : les Mu et leur don télépathique. Même s’ils sont systématiquement éradiqués et qu’il est donc peu probable d’en croiser, la légende sur ces créatures vont bon train. D’ailleurs, quand Jomy est sauvé par des Mu, il panique et refuse de faire partie des leurs. Car il n’est pas un Monstre. Le qualificatif de “monstre” revient régulièrement concernant les Mu qui sont perçus comme une réelle menace pour le System Dominion et pour Terra.

Physis dans Destination Terra

Toutes ces croyances sont entretenues par Mother, l’intelligence artificielle qui régit la vie des Humains. Véritable figure d’autorité, elle est également là pour revigorer ceux qui seraient un peu dans le doute. On va ainsi rencontrer Keith Anyan, un étudiant de l’académie parfait en tout et qui se révélera être… littéralement l’enfant de Mother Eliza et conçu pour être parfait. Même si Keith n’est pas la première tentative… Curieux qu’un ordinateur se trompe alors qu’il est censé être lui-même parfait…

Toward the terra

Bref, Destination Terra est un space opera avec cette thématique assez classique des mangas du genre : la nostalgie de la Terre. Il y avait ça aussi dans Albator, le film 3D. On retrouve également le mythe de la disparition de la planète par la folie des Humains. Et ce questionnement assez central de nombreuses dystopies : est-on prêt à renoncer à notre nature humaine pour sauver la planète ? Bon, ici, la nature humaine est survoltée puisque les Mu ont énormément de pouvoir. Ils peuvent même se déplacer dans l’espace sans combinaison. Pratique. Keiko Takemiya réussit à écrire un manga aux protagonistes équilibrés. Si l’essentiel de l’intrigue tourne autour de l’antagonisme entre les Humains et les Mu, leurs deux leaders, Keith et Jomy, ne sont pas tout noir ou tout blanc. Au contraire, ils appellent à la tempérance des personnages plus absolutistes qu’eux.

keith Anyan dans Destination Terra

Sorti en 77 au Japon, il a été adapté en France en… 2021. D’où le design très rétro dans la veine de Candy ou Lady Oscar. Si le dessin ne rebute pas, la narration est parfois un peu complexe, surtout quand on intègre des scènes un peu mentales. On est parfois un peu perdus mais l’expérience vaut le coup. Et j’avoue que ce design rétro a un petit goût de madeleine qui me rend peut-être un peu subjective.

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