Mr. Robot : la dystopie anti-capitaliste

Et si des hackers masqués mettaient à mal notre système financier au nom d’une société plus juste. C’est le pitch de départ de Mr Robot

Une oeuvre de fiction renseigne autant sur les intentions de son auteur que sur l’époque où elle a été écrite. Et surtout les dystopies, drapeau rouge littéraire ou cinématographique. Aux alentours des années 2010, un étrange groupuscule activiste a défrayé la chronique : les anonymous. Un groupe mystérieux aux codes esthétiques très fort, inspirés directement de V pour Vendetta. Ce groupuscule fournissait de nombreux éléments parfaits pour tisser une histoire. Comme par exemple Mr Robot avec des activistes masqués et hackers qui décident de s’en prendre au capitalisme.

Le masque de Mr. Robot

Hacker pour la justice

L’histoire ! Elliot est un jeune informaticien New Yorkais un peu perdu dans sa vie et assez paranoïaque car en proie à une grande dépression. Particulièrement talentueux, il s’amuse à pirater les comptes d’individus sur les réseaux sociaux pour tenter de rétablir une certaine justice. Il va ainsi intervenir dans la vie de sa psy pour lui révéler que l’homme qu’elle fréquente est en couple par ailleurs. Un jour, Elliot est contacté par un mystérieux anarchiste “Mr. Robot”, qui veut le recruter pour rétablir une certaine justice sociale. 

Mr. Robot et Elliot

Faire chuter la grosse corporation

Alors hacker, c’est bien mais hacker quoi et comment ? Si Elliot semble agir au départ dans ce qui lui paraît être une noble cause, Mr. Robot et le groupe Fsociety propose un objectif bien plus noble, des agissements philanthropiques. Le principe est simple : attaquer E. Corp, un grand conglomérat qui a l’air de toucher un peu à tout, et effacer la dette de l’ensemble des citoyens. Quitte à entraîner la chute de l’équilibre monétaire.

Tyrell dans Mr. Robot

Lever le poing contre un système oppressif

Mr. Robot présente les éléments classiques d’une dystopie : un système oppressif et un groupe d’activistes qui essaie de renverser l’oppression en place. La particularité de Mr. Robot, c’est que l’action démarre dans notre monde actuel, sans technologie du futur ou fantaisie particulière. La E corp peut faire penser à n’importe quelle entreprise hégémonique. Comme Enron qui s’est effondrée en 2001, entraînant la faillite de centaines de milliers de petits épargnants. Ici, les hackers de Mr. Robot tentent de renverser la tendance. La grosse entreprise ne coulera pas les citoyens aux faibles moyens, c’est en libérant ces gens aux faibles moyens de leurs dettes qu’ils vont nuire à la grosse entreprise. La dystopie ne s’écrit donc pas dans l’évolution cauchemardesque d’une société mais remplit bien sa fonction de lanceuse d’alerte.

Elliot bosse à la Evil Corp

Complots, contre-complots et paranoïa

Les principaux ressorts de Mr Robot se basent sur la santé mentale d’Elliot, son addiction à la morphine. Sa moindre perception de la réalité et ses troubles dissociatifs permettent des retournements de situation parfois un peu complexes à suivre. On découvre des liens insoupçonnés entre lui et certains activistes. On a parfois du mal à comprendre qui fait quoi, qui est impliqué et à quel niveau. Tout le monde n’aime pas être bringuebalé de la sorte. Moi, je trouve juste dommage qu’on perde parfois de vue l’histoire de l’activisme. Le côté un peu complot et contre-complot peut agacer aussi. Ca a ravi mon coeur de fan de X-files mais il y a toujours le risque de décrocher au rebondissement de trop.

Elliot et Darlene dans le métro

Une dystopie déjà dépassée ?

Curieusement, si Mr Robot est une dystopie furieusement actuelle et somme toute réaliste, malgré l’instabilité de son personnage principal, elle est déjà pas mal surannée. C’est toujours le risque quand on imagine un futur très proche, on mise sur quelques évolutions réalistes. Aujourd’hui, les Anonymous ne représentent plus grand chose et le fait que le bitcoin soit devenu la “seule monnaie valable” dans la saison 02 me paraît toujours délicieux quand on voit la réalité aujourd’hui. Cependant, relativisons. Je me moque mais dans la dystopie que j’ai écrite y a 20 ans, un personnage du futur utilise… une cabine téléphonique. 

Elliot Mister Robot

Une soumission par l’argent

Malgré tout, Mr Robot reste intéressante à regarder aujourd’hui où l’on parle en permanence de nos données personnelles et des limites de ce que l’on partage sur les réseaux. Plus toute la question de l’endettement croissant des ménages, des étudiants. Les dystopie aiment se pencher sur la propagande, imaginer des sociétés qui musèlent les humains par la technologie. Mais les plaies d’argent sont finalement bien plus efficaces pour bien garder tout le monde dans le rang. Enfin, la série nous pose la question d’une justice rendue par des citoyens armés, à priori, de bonnes intentions, comme le clamait Anonymous. Une très bonne interrogation pour une dystopie…

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