Battle Royale : juguler la jeunesse à tout prix

Dans le futur, le Japon est dépassé par la colère de sa jeunesse. Pour les calmer, on les jette dans la Battle royale, un massacre absurde.

Aujourd’hui, j’avais prévu de vous parler manga. Un manga papier, j’entends. Cependant, j’ai été optimiste dans le temps que je pouvais consacrer à la lecture de Battle Royale donc à la place, on va parler cinéma avec le film Battle Royale, tiré du manga, donc. Lui-même inspiré d’un roman. Une histoire de jeunes gens se massacrent dans un jeu absurde. Un peu comme Hunger Games mais en plus violent.

Battle Royale, le film

Contrôler la jeunesse avec un jeu de massacre

L’histoire ! Dans un futur plus ou moins proche, les adultes sont terrifiés par les adolescents, devenus violents et incontrôlables. Pour les faire entrer dans le rang, la loi “Battle Royale” est votée. Chaque année, une classe de terminale est kidnappée à l’occasion d’un voyage scolaire et jetée sur une île. A partir de là, ils ont trois jours pour éliminer tous les autres. Il ne doit rester qu’un survivant. Si tel n’est pas le cas, tous les survivants meurent, tués par le collier explosif qu’ils ont autour du cou. Au début du jeu, chaque participant prend un sac dans lequel il peut se trouver une arme pratique… ou un peu nulle. Genre une poele, des jumelles, un éventail…

Battle royale, le film

S’allier ou se la jouer solo

Les joueurs doivent donc choisir leur stratégie. La jouer solo en butant tout le monde, s’allier pour tenter de s’en sortir malgré tout, se suicider. Dans le film, certains personnages choisissent de s’allier, dont le couple phare, Shûya et Noriko. Sur la session que l’on suit, l’alliance va porter ses fruits mais certains ne sont pas prêts à renoncer à la violence, notamment Le volontaire, le personnage venu sur l’île juste pour tuer.

Battle Royale, le film

Un jeu sans morale

Quand Hunger Games est sorti, on lui a beaucoup reproché de n’être qu’un copier/coller édulcoré de Battle Royale. Parce que le film, comme le manga, a sa grosse dose de violence très graphique. Rien ne se passe hors champ. Cependant, cette violence n’est pas aussi gratuite que ce qu’on pourrait le croire puisqu’elle sert à souligner l’absurdité de la situation. Alors que quelques personnages se réjouissent de pouvoir laisser libre cours à la violence, d’autres essaient de trouver un échappatoire à cette violence injuste. Car il n’y a ici, aucune morale. Ce n’est pas forcément la personne la plus morale qui gagne mais certainement la plus cruelle et la plus déterminée.

Battle Royale

Une violence qui satisfait tout le monde

Dans Hunger Games comme dans Battle Royale, la terreur institutionnelle est admise. Dans le premier, le pouvoir veut mettre au pas le peuple en lui rappelant annuellement sa puissance en demandant à chaque district de lui sacrifier deux de ses jeunes gens. Alors que dans Battle Royale, c’est plus insidieux. On va juste supprimer une classe, moins un élève. Voire toute la classe puisque dans le film, on a des joueurs supplémentaires. Sauf que ça se passe sans publicités ou médiatisation. Une trentaine de gamins va être sacrifiée par an. Ce seront peut-être les vôtres, peut-être pas. Et il n’y a ni gloire ni morale. Le seul but, c’est de dévier la violence. Le personne du Volontaire est à ce point parfaitement révélatrice de ce que veut raconter le film : il y a un sas de violence autorisée et c’est la Battle Royale. A y réfléchir, même si Hunger Games se repose sur la même mécanique, notamment sur la loterie des sacs, il y a quand même pas mal de parallèles avec American Nightmare. La violence est totalement décomplexée et certains personnages y prennent même un certain plaisir.

Battle Royale

Un conflit générationnel

Mais surtout, Battle Royale est la version trash d’une incompréhension entre générations. On nous explique clairement que les jeunes sont violents et désobéissants mais ne sont-ils pas plutôt en rupture avec le modèle dominant et cherchent une nouvelle voie d’épanouissement en rejetant les valeurs traditionnelles. Surtout dans ce Japon fictif où le chômage explose et où il n’y a guère d’avenir pour cette jeunesse. C’est un peu ce que l’on observe dans nos vies, les jeunes relations sont en rupture avec les anciennes et l’expriment avec plus ou moins de violence et d’insolence. Surtout en période de crise. Cependant, dans une société aussi rigide que le Japon, la fantaisie est rarement tolérée. Et on se rend compte qu’à part un ou deux gamins particulièrement agités, ces jeunes ne sont que des jeunes. Avec leurs élans amoureux, leur peur et leur sidération face à un monde qu’ils ne comprennent pas. Une plutôt belle métaphore de l’arrivée dans l’âge adulte, finalement.

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