Heliopolis, la dystopie à forte concentration féminine

Au XXXVe siècle, la population vit en paix dans quelques villes éparses dont Heliopolis. Seule ombre au tableau : il n’y a quasi plus d’hommes

Bonne année, chers lecteurs. J’ai profité de cette fin d’année pour déménager, un petit bond de 600 km. Et quoi de mieux pour m’aider à faire mes cartons que d’écouter quelques livres audio ? Et dans le lot, quelques dystopies, bien entendu. Dont Heliopolis, une dystopie qui va aborder un terme déjà croisé dans quelques œuvres. Quand la survie de l’humanité est menacée par des soucis reproductifs, quel système mettre en place pour s’assurer que les générations continuent à se succéder ? Dans l’univers d’Heliopolis, ce sont les entreprises qui gèrent le business de la reproduction. 

Heliopolis, une ville futuriste

Une société où le mâle devient très rare

L’histoire ! Dans un futur très proche, une partir de l’humanité décide de s’enfermer dans des bunkers, pressentant la catastrophe écologique arriver. Quelques décennies plus tard, en ressortant de leur bunker, le monde a effectivement été ravagé. Les survivants créent alors une sorte d’ordre mondial, Unitopia, composé de quelques villes dont Heliopolis. Cependant, les eaux sont saturées en œstrogènes, phénomène dû aux urines chargées en hormones de la pilule contraceptive. Résultat : les hommes ont quasi disparu à quelques exceptions près. Ces hommes sont donc logés et nourris par des entreprises qui en font des reproducteurs. Ils portent même en nom de famille le nom de l’entreprise. 

Heliopolis, Solaris

Un amour interdit

Aheli est une jeune docteure spécialisée en fertilité. La reproduction ne se faisant plus que par FIV, les femmes angoissent de payer une insémination à prix d’or et de ne pas tomber enceinte. Elle est appelée par la société Solaris car Sterenn, leur reproducteur star, est en pleine déprime. Et ne produit plus assez de doses. Comprenez : il ne se masturbe plus assez pour fournir du sperme viable qui sera vendu à prix d’or. Secondée par Ita, infirmière et demi-sœur de Sterenn car issus du même donneur, Aheli va prodiguer son savoir auprès du jeune homme pour tenter de lui redonner goût à la vie… et à la masturbation. Mais voilà l’os : Aheli et Sterenn tombent amoureux et vont brûler du désir de commettre l’ultime crime : coucher ensemble. 

Tension érotique

Quand le sperme devient valeur marchande

Ce thème de la fertilité mise à mal par la pollution n’est pas novateur en soi. Nous l’avons croisé dans Zérostérone, Chroniques du Pays des Mères ou, évidemment, The handmaid’s tales. Ou dans les séries Y, le dernier homme ou Creamerie que je n’ ai pas encore regardées. Mais je vais m’y mettre, promis. Ici, le sperme est donc devenu une valeur marchande. Les jeunes femmes s’endettent pour avoir accès à la crème de la crème des reproducteurs, même sil faut également bénéficier d’un haut potentiel génétique. La société tourne essentiellement autour de la question de la reproduction. Aheli fêtant ses trente ans, elle est soumise à une forte pression de la part de sa mère. De façon assez subtile, Céline Nicolas, l’autrice, souligne à quel point un bébé mâle est rare. On ne demande jamais à Aheli si elle veut un enfant mais si elle veut une fille. 

It's a baby girl

La cause veut semer le trouble

Évidemment, que serait une dystopie sans rébellion ? Nommée ici La cause, elle part du principe que les grosses entreprises qui vendent du sperme ont un secret. La cause doit trouver de quoi il s’agit. Car la reproduction est un tel business que les reproducteurs sont de véritables stars. On a droit à une scène de séance photo de Steren. Il y a également un événement dédié à leur exhibition façon Fashion week. Même si tous les reproducteurs ne sont pas en vie. Certaines doses sont issues d’hommes étant morts il y a plusieurs générations. ce qui crée une variation de prix importante. Les doses Élite sont très chères, surtout si le reproducteur est mort. Cette offre et demande est assez centrale dans le récit et revient régulièrement dans les conversations. 

Sexy boys

Un étrange sentiment de filiation

Et on arrive au dernier point que je souhaitais aborder et qui m’a un peu turlupinée dans ce roman : le sentiment de filiation et surtout la notion de famille entre Ita et Sterenn qui sont toujours présentés comme frère et soeur car issus du même géniteur. Dans le récit, c’est le seul cas repéré de fratrie. En début de roman, Céline Nicolas nous raconte ce nouvel univers à travers un cours d’histoire que suit la jeune Aheli sans le moindre enthousiasme. A un moment, une petite fille se la ramène sur le prestige de son géniteur mais on se moque vite d’elle car plusieurs fillettes de la classe sont dans le même cas. Et elles ne se considèrent pas du tout comme sœur. Après, le fait que Sterenn ait grandi en captivité avec sa mère comme seule famille, ça explique aisément pourquoi il essaie de reproduire un lien familial une fois adulte. Par contre, le fait qu’Ita se présente comme sa sœur sans que ça ne turlupine personne m’a un peu plus étonnée. 

Frère et soeur

C’est un grand oui

Mais là, je pinaille car franchement, ce roman est cool. Je parlais dans un article du fait qu’on trouvait de la bonne came en auto édition et je trouve qu’Heliopolis en fait partie. Le style est fluide et l’histoire s’enchaîne bien. En fait, mon seul regret, c’est qu’on sait qu’Unitopia comporte plusieurs cités de type d’Heliopolis et j’aurais bien aimé avoir des romans développés dans ces villes. Ou même une origin story sur les bunkers ou encore un récit me racontant La Cause. Ouais, quand je veux en savoir plus sur un univers, c’est la marque d’un univers réussi. Je recommande. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *